Le principal syndicat de pilotes français a réagi mardi au jugement du tribunal correctionnel qui a relaxé hier Air France et Airbus des chefs d’inculpation d’homicides involontaires, à l’issue du procès sur le crash du vol Rio – Paris qui avait fait 228 morts en 2019.

Le SNPL France ALPA a fait part le 18 avril 2023 dans un communiqué de son incompréhension devant la décision du Tribunal dans le procès de l’accident de l’AF447. « Neuf semaines d’audience avaient pourtant mis en évidence les carences dans l’information et l’entraînement à la situation à laquelle les pilotes avaient été confrontés, alors que le danger avait été identifié par le constructeur ». Le syndicat constate cependant qu’Airbus et Air France « ne peuvent plus après cette décision, persister à nier les fautes commises et leur part de responsabilité dans la catastrophe survenue ».

Le Tribunal a selon le syndicat retenu la responsabilité d’Airbus dans l’accident en considérant notamment qu’une « meilleure information des pilotes sur ces incidents de givrage, leurs symptômes et la procédure à appliquer aurait permis d’éviter ou de surmonter l’effet de surprise dont a été victime l’équipage ».

De même le Tribunal souligne qu’une meilleure information donnée par les systèmes de l’A330-200 aux pilotes, au moment de la survenance de la panne (message ECAM), aurait probablement « conforté l’équipage dans son diagnostic et l’aurait conduit à privilégier l’application de la procédure adéquate ».

Si Airbus échappe à la sanction pénale c’est, rappelle le Tribunal, que même dans l’hypothèse où « la probabilité d’un lien de causalité entre les fautes commises et la survenance d’un accident est très élevée, voire quasi certaine », cela ne suffit pas pour condamner pénalement.

Certes, mais le SNPL ne peut partager l’analyse du Tribunal « tant il est vrai que l’absence de communication aux pilotes des informations connues du constructeur a de manière certaine contribué à créer les conditions de l’accident ». Une telle catastrophe a le plus souvent de multiples causes, et le syndicat « déplore le fait qu’une analyse aussi restrictive du lien de causalité » conduise à l’irresponsabilité pénale des auteurs indirects d’accidents complexes.

Le SNPL se réserve le droit de commenter plus amplement cette décision, lorsqu’il aura pu prendre connaissance de l’intégralité du jugement. Il « espère que le Parquet Général formera appel à l’encontre de cette décision de relaxe. La mémoire des 228 victimes de cette catastrophe aérienne et la douleur de leurs proches imposent que l’examen des responsabilités pénales puisse bénéficier d’un procès en appel et de la garantie fondamentale du double degré de juridiction ».

Crash du vol AF447 : le SNPL entre « incompréhension et colère » 1 Air Journal

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