La Commission européenne a ouvert une enquête pour évaluer le projet d’acquisition d’ITA Airways par Lufthansa, car elle craint qu’elle ne réduise la concurrence.

Après de longues négociations, Lufthansa a conclu un accord avec le gouvernement italien en mai dernier pour acquérir une participation initiale de 41 % dans la compagnie aérienne contre 325 millions d’euros. La Commission évalue les fusions et acquisitions impliquant des entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse certains seuils afin d’éviter des concentrations qui « entraveraient de manière significative une concurrence effective dans l’Espace économique européen (EEE) ou dans une partie substantielle de celui-ci ».

En vertu du règlement européen sur les concentrations, la Commission a déclaré qu’elle avait « des inquiétudes préliminaires quant au fait que l’opération pourrait réduire la concurrence sur le marché des services de transport aérien de passagers sur plusieurs liaisons court-courriers et long-courriers à destination et en provenance de l’Italie ». Lufthansa et ITA sont des concurrents puissants et proches et exploitent un vaste réseau de liaisons intérieures, de liaisons court-courriers au sein de l’EEE et de liaisons long-courriers entre l’EEE et le reste du monde. La Commission estime que l’opération proposée pourrait réduire la concurrence sur les liaisons court-courriers reliant l’Italie aux pays d’Europe centrale où la concurrence est limitée, principalement de la part des transporteurs à bas prix, tels que Ryanair, qui opèrent souvent à partir d’aéroports plus éloignés.

Elle examine également les liaisons sur lesquelles l’une des parties propose déjà des services et que l’autre devrait bientôt intégrer, sur lesquelles l’une ou les deux parties disposent d’une connexion à guichet unique, et sur lesquelles les connexions sans escale sont limitées ou uniquement proposées par l’autre partie. L’enquête évaluera également comment l’opération pourrait affecter la position dominante d’ITA à l’aéroport de Milan-Linate, ce qui pourrait rendre plus difficile pour les concurrents le lancement de services aériens de passagers à destination et en provenance de l’aéroport.

 « En ouvrant une enquête approfondie, nous souhaitons évaluer plus en profondeur la transaction et garantir que l’acquisition d’ITA ne réduit pas la concurrence sur les vols court-courriers et long-courriers du trafic aérien et que cela n’entraînera pas une hausse des prix, une diminution de la capacité ou une baisse de la qualité des services de transport aérien de passagers à destination et en provenance de l’Italie », a précisé Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive en charge de la politique de concurrence.

Étant donné que Lufthansa possède déjà une entreprise commune avec United Airlines et Air Canada, la Commission devra également évaluer si les activités d’ITA, de Lufthansa et de ses deux partenaires doivent être traitées comme celles d’une seule entité après la fusion. La transaction proposée pourrait également réduire la concurrence sur les liaisons long-courriers entre l’Italie et les États-Unis, le Canada, le Japon et l’Inde, en raison de la concurrence étroite entre ITA et Lufthansa ou les partenaires de la coentreprise de Lufthansa. Selon un communiqué de la Commission, Lufthansa a présenté des engagements pour répondre à certaines de ses préoccupations, mais ceux-ci ont été jugés « insuffisants, en termes de portée et d’efficacité, pour écarter clairement les préoccupations préliminaires de la Commission ». La Commission européenne a jusqu’au 6 juin 2024 pour prendre une décision.

L'UE va enquêter sur le rachat d'ITA Airways par Lufthansa 1 Air Journal

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