L’administration Trump a accepté le don controversé d’un Boeing 747-8i du gouvernement du Qatar et a demandé à l’armée de l’air d’évaluer la rapidité avec laquelle l’appareil pourrait être modernisé en vue d’une éventuelle utilisation comme nouvel Air Force One.

L’offre de cet avion a déclenché une vague de critiques bipartites à l’encontre de Trump, notamment après la visite du président dans le pays la semaine dernière pour négocier des accords commerciaux avec les États-Unis. Un porte-parole du Pentagone a confirmé le don à l’Associated Press. « Le secrétaire à la Défense a accepté un Boeing 747 du Qatar, conformément à toutes les règles et réglementations fédérales », a déclaré Sean Parnell, porte-parole en chef du Pentagone, dans un communiqué publié mercredi. « Le ministère de la Défense veillera à ce que des mesures de sécurité appropriées et les exigences fonctionnelles de la mission soient prises en compte pour un avion destiné au transport du président des États-Unis. »

L’avion nécessitera des modifications majeures pour répondre aux normes de sécurité présidentielles, notamment en matière de systèmes de défense antimissile, de communications sécurisées et de protection contre les impulsions électromagnétiques. Les responsables du Pentagone ont reconnu que l’avion n’était pas encore adapté à un usage présidentiel sans améliorations significatives.

L’avion, d’une valeur de 400 millions de dollars, offert en cadeau, fait polémique. Un chef de l’opposition démocrate, sénateur du Connecticut, Chris Murphy, a même qualifié un tel cadeau de « pure corruption ».  Mais ce don ne violerait pas les lois contre la corruption ou l’interdiction faite par la Constitution à tout fonctionnaire du gouvernement américain d’accepter des cadeaux « de tout roi, prince ou État étranger », selon les avocats du bureau du conseiller juridique de la Maison blanche et du ministère de la Justice.

Des membres du Congrès ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité que l’armée de l’air soit contrainte d’accélérer le processus, ce qui pourrait compromettre des dispositifs de sécurité essentiels. Des législateurs des deux partis ont également remis en question les motivations du Qatar, suggérant que ce don pourrait être une tentative d’influence ou que l’avion pourrait contenir des dispositifs de surveillance dissimulés.

Le président américain a assuré qu’à la fin de son mandat, il offrirait cet «Air Force One» à sa future bibliothèque présidentielle, à la manière d’un de ses prédécesseurs, Ronald Reagan.

L’utilisation du 747-8i offert par le Qatar intervient alors que Trump a exprimé à plusieurs reprises sa frustration envers Boeing concernant les retards excessifs et la hausse des coûts des avions Air Force One de nouvelle génération. Initialement prévus pour une entrée en service en 2022, les deux appareils ne seront désormais utilisés par le président qu’en 2027 selon  Darlene Costello, directrice par intérim des acquisitions de l’armée de l’air, qui a témoigné devant la commission des forces armées de la Chambre des représentants au sujet des récentes négociations entre l’armée de l’air et Boeing et ce, alors que Trump approchera de la fin de son second mandat présidentiel (début 2029).

L’US Air Force (USAF) exploite actuellement deux VC-25A, des Boeing 747-200B fortement modifiés pour les voyages présidentiels américains. Cependant, ces appareils datant de la fin des années 1980, depuis le mandat de George H.W. Bush, doivent être remplacés. Alors que l’USAF attendait depuis des années la livraison de deux nouveaux 747-8 modifiés, baptisés VC-25B, le programme de fabrication et de livraison de ces nouveaux appareils a connu des retards.

A l’époque, Donald Trump avait également dénoncé le prix élevé des nouveaux Air Force One et imposé un contrat ne dépassant pas 4 milliards de dollars pour les deux avions. Depuis, l’avionneur a déclaré que le prix du contrat était trop bas pour des avions équipés d’une avionique militaire, de communications avancées et d’un système anti-aérien et que le coût dépasserait de plusieurs milliards de dollars le budget alloué. Boeing a déjà déclaré des pertes totalisant 2,5 milliards de dollars sur le programme, connu sous le nom de VC-25B, depuis qu’il a accepté d’assumer la responsabilité de dépassements de coûts devenus vertigineux.

Frustré par le processus d’acquisition des VC-25B, Trump avait déjà clairement indiqué qu’il recherchait une autre solution. En février 2025, il a été aperçu en train de visiter un Boeing 747-8i privé à l’aéroport de West Palm Beach (PBI), près de sa station balnéaire de Mar-a-Lago, en Floride. L’appareil, immatriculé P4-HBJ, stationné à l’aéroport international de Palm Beach, exploité par la famille royale du Qatar, sera donc bientôt le nouvel Air force One.

L'administration Trump accepte officiellement le 747 du Qatar comme prochain Air Force One 1 Air Journal

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