L’Indonésie, sous pression de l’administration Trump avec la menace de droits de douane supplémentaires, pourrait relancer l’achat d’avions Boeing, jusqu’à 50 exemplaires, mais son financement reste à préciser.

Cinq mois après le crash d’un Boeing 737 MAX de la compagnie Lion Air dans la mer de Java en 2018, le transporteur national indonésien Garuda Indonesia avait tenté d’annuler sa commande restante pour ce modèle. Aujourd’hui, l’Indonésie cherche à relancer cet accord, dans une volonté d’entretenir des relations favorables avec l’administration du président américain Donald Trump.

Mardi, Donald Trump a annoncé sur les réseaux sociaux que l’Indonésie avait l’intention de commander 50 avions auprès de Boeing, dont de nombreux exemplaires du Boeing 777, un modèle plus grand. Bien qu’il n’ait pas précisé l’identité du client, les regards se tournent vers la Garuda Indonesia. En effet, au début du mois, et selon Wamildan Tsani Panjaitan, PDG de Garuda Indonesia, la compagnie nationale indonésienne était en négociation pour ajouter des monocouloirs Boeing 737 MAX-8 et des gros-porteurs Boeing 787-9 Dreamliner à sa flotte.

Garuda Indonesia exploite actuellement 77 appareils, dont des Boeing 777-300ER, 737-800NG, des Airbus A330-200, A330-300 et A330-900neo. Au 31 mai 2025, l’âge moyen de sa flotte était de 13 ans. En 2019, Garuda Indonesia avait annulé une première commande de 49 Boeing 737 MAX, faute de trésorerie nécessaire.

Ce type d’accord illustre l’imbrication entre enjeux politiques et intérêts économiques dans les négociations internationales portées par Trump. Il est courant que le président américain annonce des commandes d’avions lors de visites officielles ou en marge d’accords commerciaux, ce qui fut déjà le cas au Qatar, au Vietnam ou au Royaume-Uni.

Dans le cas indonésien, Trump affirme avoir conclu l’accord lors d’un échange téléphonique direct avec le président Prabowo Subianto. Toutefois, des sources proches des négociations, selon le South China Morning Post, évoquent de nombreux points en suspens, notamment quant au nombre précis et aux modèles des appareils concernés. De plus, Garuda se trouve dans une situation financière délicate : la compagnie peine à maintenir en état de vol sa flotte actuelle, avec au moins 15 appareils cloués au sol en mai en raison de retards de paiement pour la maintenance.

En 2024, malgré une restructuration de dette de près de 10 milliards de dollars, Garuda est retombée dans le rouge, à rebours de certaines compagnies aériennes régionales qui bénéficient d’un rebond du trafic post-pandémie. Concrètement, Garuda n’aurait pas les fonds nécessaires pour financer cette commande, notamment l’ancien accord sur les 737 MAX, resté sur les livres de Boeing comme « commande à risque ». Face à cette difficulté, l’État indonésien, via le fonds souverain Danantara, pourrait intervenir en apportant des garanties ou sous forme de prêt actionnarial, comme cela a déjà été le cas récemment.

Des discussions sont également en cours pour obtenir un soutien financier supplémentaire — entre 800 millions et 1,2 milliard de dollars — destiné à régler des arriérés auprès des sociétés de maintenance et de leasing, ce qui laisse entrevoir une structuration particulière de la commande et de son financement.

Il est important de souligner que les annonces faites par Donald Trump lors de précédentes négociations internationales ont parfois mêlé différents modèles d’avions ou fait état de montants et de volumes inexacts. Plusieurs promesses de ventes affichées lors de son premier mandat n’ont, en réalité, jamais été finalisées. Le dossier Garuda/Boeing reste donc incertain, pris entre enjeux économiques, manœuvres politiques et contraintes financières.

L’Indonésie en négociations pour acheter 50 avions à Boeing et apaiser les tensions avec Trump sur les droits de douane 1 Air Journal

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