Madagascar se retrouve au cœur d’un scandale, après la livraison de cinq Boeing 777-200 à une compagnie aérienne iranienne utilisant des documents délivrés par l’Aviation civile de Madagascar pour contourner les sanctions américaines imposées à la République islamique d’Iran.

Cette affaire aux ramifications internationales provoque un séisme politique et sécuritaire sur la Grande île. Mardi, lors d’un Conseil des ministres restreint, le président malgache Andry Rajoelina a signé un décret pour destituer sur le champ le ministre des Transports, Valery Ramonjavelo. Le Premier ministre Christian Ntsay, désormais en charge du portefeuille des Transports, a sollicité l’aide de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et d’Interpol pour enquêter sur ce réseau international et identifier toutes les parties prenantes.

« Conscient de la gravité des faits et de ses conséquences, le Premier ministre, Christian Ntsay, qui est désormais en charge des Transports, sollicite l’aide du FBI et d’Interpol afin de démanteler ce réseau international », a annoncé le gouvernement malgache dans un communiqué officiel, marquant une prise de distance nette avec ce qui est désormais surnommé l’« Irangate malgache » par la presse de l’Océan indien.

Mercredi, deux hommes ont été interpellés et placés en garde à vue à Antananarivo. Ils sont soupçonnés d’avoir facilité ce transfert controversé à l’aide de faux et d’usage de faux, en plus d’être suspectés d’atteinte à la sûreté de l’État. Selon les premiers éléments recueillis par la presse locale, leur réseau implique un homme d’affaires installé en Inde. Ce dernier aurait utilisé des sociétés-écrans, dont une enregistrée à l’île Maurice en novembre 2019 puis dissoute la veille de la délivrance des certificats nécessaires à l’opération.

Les cinq Boeing 777-200 étaient auparavant exploités par Scoot, filiale low cost de Singapore Airlines, avant d’être stockés en Australie après leur retrait du service. Leur acquisition de manière détournée par la compagnie aérienne iranienne Mahan Air a impliqué un réseau complexe de sociétés écrans réparties dans plusieurs pays asiatiques. Officiellement, leurs certificats d’immatriculation provisoire (CIP) et de navigabilité (CDN) délivrés par l’Aviation civile de Madagascar devaient permettre le convoyage des appareils vers des ateliers de maintenance au Kenya. En réalité, les avions ont dévié leur trajectoire pour faire des escales dans plusieurs aéroports asiatiques, dont Lanzhou (Chine), Jakarta (Indonésie) et Siem Reap (Cambodge), avant de rejoindre l’Iran.

L’enquête, qui ne fait que commencer, révèle la complexité des circuits empruntés pour contourner les sanctions internationales et exposer des États comme Madagascar à d’éventuelles compromissions la République islamique d’Iran.

Madagascar au coeur de l'affaire des cinq Boeing 777-200 livrés à l'Iran 1 Air Journal

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