Alors que Ryanair vient d’annoncer un doublement de ses bénéfices au premier trimestre 2025, la compagnie irlandaise à bas coût doit désormais faire face à un mouvement social d’ampleur dans ses services d’assistance au sol en Espagne, à travers sa filiale Azul Handling. Si la grève est sous menace de perdurer dans le temps, la low cost ne prévoit pas de perturbations.

La section syndicale UGT de la compagnie – appuyée par le second syndicat majoritaire, la CGT – a annoncé le lancement d’une série de grèves pendant le pont du 15 août, l’une des périodes de trafic aérien les plus intenses de l’année, avec l’ambition d’étendre les mobilisations jusqu’au 31 décembre 2025.

Ces arrêts de travail toucheraient les principaux aéroports espagnols où opère le groupe Ryanair, menaçant de perturber le flux de passagers pendant et après la saison estivale. Selon le calendrier communiqué par UGT, les trois premiers jours de grève auront lieu les 15, 16 et 17 août, puis se reproduiront chaque mercredi, vendredi, samedi et dimanche, à des horaires clés de la journée (de 5h à 9h, de 12h à 15h et de 21h à minuit), soit aux moments de plus forte activité pour l’assistance au sol.

Les syndicats reprochent à la direction d’Azul Handling, filiale en charge du ‘handling’ pour Ryanair, une « précarisation continue » des conditions de travail et le non-respect répété des droits sociaux. Parmi les griefs : l’absence de création de postes stables, le refus de consolider les horaires des CDI à temps partiel, des pressions pour effectuer des heures complémentaires (parfois assorties de sanctions disproportionnées), le non-respect des accords sectoriels sur les garanties et primes, ainsi que des restrictions jugées illégales à la réintégration après un arrêt maladie ou à l’adaptation des horaires pour raisons familiales.

« Nous dénonçons une stratégie délibérée de précarisation et de pression qui piétine les droits fondamentaux des salariés et fait la sourde oreille aux demandes syndicales », a déclaré José Manuel Pérez Grande, secrétaire fédéral du secteur aérien UGT. Le syndicat exige la levée des sanctions, le respect des prescriptions des commissions paritaires et l’ouverture rapide de négociations afin d’améliorer les conditions de travail pour plus de 3 000 employés concernés dans tout le pays.

L’annonce intervient alors que, dans ses résultats financiers publiés le 21 juillet 2025, la compagnie aérienne a annoncé une hausse significative de son bénéfice net, qui s’est élevé à 820 millions d’euros au premier trimestre de l’exercice 2025/2026, contre 360 millions d’euros à la même période l’an dernier.

En Espagne, Ryanair emploie plusieurs milliers de salariés à travers ses filiales de services au sol et ses personnels navigants. Les tensions sociales entre syndicat et direction ne sont pas nouvelles pour la compagnie, régulièrement pointée du doigt pour la précarité de ses contrats et sa gestion des ressources humaines. Début 2024 déjà, plusieurs mouvements de grève avaient perturbé ses activités en Europe, révélant une forte crispation sociale dans l’aviation civile à bas coût.

Pour l’heure, UGT a formellement sollicité une médiation nationale auprès du Service Interconfédéral de Médiation et d’Arbitrage (SIMA), préalable requis avant toute extension du conflit à l’ensemble du territoire espagnol.

Ryanair, qui reste l’un des principaux transporteurs du pays, depuis les principaux aéroports tels que Madrid-Barajas et Barcelone-El Prat, ainsi que dans de nombreux aéroports régionaux, y compris Vigo, Saint-Jacques-de-Compostelle, Saragosse, Santander et les Asturies…, représentant des millions de passagers transportés chaque mois, a réagi dans un communiqué auprès d’Air Journal. La low cost affirme qu’elle « ne prévoit pas d’impact sur ses opérations du fait des grèves des services d’assistance tiers en Espagne. »

Ryanair face à une grève d'ampleur, et qui pourrait durer, de l’assistance au sol en Espagne 1 Air Journal

@Serge Fabi