Un nombre croissant d’incidents impliquant des fumées toxiques dans les cabines d’avions représenterait un risque pour la santé des équipages et passagers, d’après une enquête détaillée du Wall Street Journal.
Ce phénomène touche surtout les appareils de la famille Airbus A320, mais concerne aussi des modèles Boeing, et son incidence s’est nettement intensifiée ces dernières années. La plupart des avions commerciaux utilisent un système appelé « prélèvement d’air » (bleed air), où une partie de l’air que respirent les passagers et les équipages provient directement des moteurs, après avoir été compressée et chauffée. Si les joints d’étanchéité de ces moteurs s’usent ou si des fuites d’huile et de fluides hydrauliques surviennent, des vapeurs chimiques toxiques peuvent s’introduire discrètement dans l’air ventilé à l’intérieur de l’appareil. Le Boeing 787 Dreamliner fait exception car il utilise un système de compression électrique indépendant du moteur.
Des symptômes parfois sévères
Selon le Wall Street Journal, certains incidents provoquent seulement des odeurs fugaces décrites comme « pieds sales » ou « vernis à ongles ». Mais d’autres, plus graves, occasionnent des maux de tête, des troubles respiratoires, des confusions, voire des séquelles neurologiques persistantes similaires à des commotions cérébrales. Un exemple frappant : un pilote de JetBlue s’est effondré à cause d’une exposition répétée et a été déclaré inapte au vol. De nombreux personnels navigants rapportent depuis des années des cas de palpitations, de « brume cérébrale » (brain fog) et de troubles durables du système nerveux.
Le Wall Street Journal souligne que le taux de signalements a bondi : on serait passé de moins de 10 incidents par million de vols en 2014 à plus de 100 en 2024. Malgré l’attention grandissante des syndicats et médecins, les acteurs du transport aérien, en l’occurrence avionneurs et compagnies aériennes, insistent sur la rareté statistique et rappellent que l’air à bord respecte les normes en vigueur. Toutefois, certains experts appellent à des mesures correctrices, notamment un contrôle renforcé des systèmes de ventilation et une surveillance accrue des symptômes chez les équipages après exposition.
Le sujet n’est pas nouveau : depuis plus d’une décennie, des chercheurs et anciens pilotes alertent sur les dangers potentiels de ces contaminations, notamment sur le rôle du tricrésyl phosphate, substance neurotoxique présente dans certaines huiles de moteur. Plusieurs organismes, dont l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA), poursuivent aujourd’hui des études pour mieux évaluer la nocivité spécifique des expositions lors d’incidents déclarés, alors que le phénomène reste difficile à quantifier précisément faute de mesures systématiques en situation réelle.
Francisco a commenté :
21 septembre 2025 - 13 h 38 min
Pourquoi une cabine verte en illustration qui rappelle Transavia et pas jaune et bleu de RYR?
Car eux aussi sont concernés par cette problématique avec leur 737?
Doudedudi a commenté :
21 septembre 2025 - 22 h 51 min
Vous faites sans doute référence au LRD (Load Reduction Device) qui pose actuellement problème sur le CFM Leap du 737 Max. Il est vrai que plusieurs incidents de type fume events liés au LRD ont touché la version 1B du moteur qui équipe les 737 mais pas la version 1A qui équipe les 320. Les deux versions du moteur ont un LRD mais certaines particularités du 1B font que lorsqu’il s’active il peut y avoir une contamination du flux d’air dans la cabine.
L’article du WSJ indique que les 320 seraient plus touchés que les autres, je n’ai pas de données pour le vérifier mais en tout cas comme tous les moteurs équipant toutes les générations de 320 utilisent le bleed air il est certain qu’ils peuvent théoriquement être touchés par des fume events.