La compagnie ultra low cost Spirit Airlines, basée près de l’aéroport de Fort Lauderdale (FLL) en Floride, a annoncé son intention de placer au chômage technique environ 1 800 hôtesses et stewards, soit près d’un tiers de ses effectifs de cabine. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de sa seconde procédure de faillite en moins de douze mois, un signe de la fragilité persistante de son modèle économique.

Selon un mémo interne adressé au personnel par John Bendoraitis, directeur des opérations, ces décisions « douloureuses » répondent à la nécessité de réduire la flotte, ajuster le réseau et maîtriser les coûts salariaux afin de retrouver une viabilité à long terme. La direction vise 100 millions de dollars d’économies sur les seuls coûts de personnel navigant, en lien avec une offre de vols en recul de 25% prévue dès novembre 2025 par rapport à la même période en 2024.

Un deuxième plan de redressement en un an

Spirit Airlines a déjà obtenu en mars 2025 un allègement de dette de 795 millions de dollars à l’issue de sa première restructuration sous protection du Chapitre 11, mais la pression financière reste forte. La demande intérieure de loisirs, pilier de son activité, s’est affaiblie sur le marché américain, dominé par une concurrence féroce des autres compagnies low cost et des majors. L’été 2025 n’a pas permis à la compagnie de redresser suffisamment sa trésorerie face aux charges opérationnelles et au poids de sa flotte d’Airbus A320, dont elle exploite plus de 200 exemplaires.

Pour limiter la casse sociale, l’entreprise avait d’abord privilégié les congés sans solde volontaires, utilisés aujourd’hui par environ 800 PNC, qui conservent néanmoins leurs droits à l’assurance santé. Mais le dispositif ayant atteint ses limites, la direction s’oriente vers des congés forcés à partir du 1er décembre 2025. Selon le syndicat AFA-CWA (Association of Flight Attendants), les salariés concernés pourront opter pour des périodes de 6 ou 12 mois, avec maintien de la couverture médicale. L’organisation syndicale affirme également travailler avec d’autres compagnies pour faciliter les mobilités et obtenir des priorités d’embauche.

Les pilotes ne sont pas épargnés : 270 doivent être placés en congé technique dès octobre 2025, tandis que 140 commandants de bord seront rétrogradés au poste de copilote début novembre. En parallèle, la direction réclame 100 millions de dollars de concessions supplémentaires auprès du syndicat des pilotes ALPA (Air Line Pilots Association). Faute d’accord au 1er octobre, la compagnie pourrait invoquer les dispositions du Chapitre 11 pour passer outre les conventions collectives.

La direction insiste sur le fait que ces mesures constituent un passage obligé pour assurer la pérennité de Spirit. Le redimensionnement du réseau doit recentrer l’activité sur les lignes les plus rentables au départ de ses bases principales, telles que Fort Lauderdale. Pour l’heure, la compagnie maintient la desserte de plus de 80 destinations aux États-Unis, dans les Caraïbes, au Mexique, en Amérique centrale et en Colombie, mais avec un volume de vols fortement réduit.

Au 30 juin dernier, la dette de Spirit atteignait 2,69 milliards de dollars, dont 930 millions à rembourser d’ici 2030. En 2022, Frontier Airlines avait tenté de fusionner avec elle dans le cadre d’une opération à 2,9 milliards de dollars, avant que JetBlue ne propose une offre supérieure — finalement bloquée par les autorités américaines de la concurrence.

Spirit Airlines taille dans ses effectifs face à une deuxième faillite 1 Air Journal

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