Après avoir écarté le projet jugé inadéquat à son modèle économique, Lufthansa envisage désormais un retour du très attendu A321XLR dans sa flotte.

Selon le quotidien économique allemand Handelsblatt, une déclaration interne récente laisse penser que la direction de Lufthansa étudie à nouveau la possibilité d’introduire l’Airbus A321XLR. Le membre du directoire Dieter Vranckx, responsable de la stratégie et du réseau, aurait confié à ses équipes à la mi-octobre : « Nous analysons actuellement si, et de quelle manière, ce type d’avion pourrait créer de la valeur ajoutée pour le groupe Lufthansa. »

Le PDG Carsten Spohr s’était pourtant montré catégorique par le passé. Pour lui, les coûts internes du groupe rendaient l’exploitation du XLR trop onéreuse, d’autant que « les marchés adaptés à ce type d’appareil ne semblaient pas exister ». Cette position semblait jusque-là clore le débat.

Le dilemme du modèle multi-hub

Le principal frein au projet demeure la stratégie dite multi-hub de Lufthansa. Celle-ci repose sur cinq grands aéroports intercontinentaux — Francfort, Munich, Zurich, Vienne et Bruxelles — qui concentrent l’essentiel du trafic long-courrier.
Or, l’A321XLR — capable de relier sans escale des villes moyennes européennes à l’Est des États-Unis, au Moyen-Orient ou à l’Afrique de l’Ouest — casserait en partie cette logique de concentration. En ouvrant des liaisons directes depuis des villes secondaires comme Hambourg ou Düsseldorf, le monocouloir d’Airbus permettrait d’éviter les correspondances par les hubs, réduisant mécaniquement leur rôle de collecteurs de trafic. « Chaque nouveau vol direct vers l’Amérique du Nord ou le Golfe détourne des passagers potentiels de nos plateformes », résume un cadre cité anonymement par Handelsblatt.

L’Airbus A321XLR (pour Extra Long Range) offre une autonomie d’environ 8 700 km, soit jusqu’à 10 heures de vol, pour un coût d’exploitation bien inférieur à celui d’un gros porteur. Plusieurs compagnies européennes et américaines — dont Iberia, SAS, TAP Air Portugal et JetBlue — misent déjà sur ce modèle pour relier directement des marchés à faible densité. Face à cette dynamique, Lufthansa fait figure d’exception prudente au sein du continent. Certains dirigeants plaident désormais pour des tests opérationnels limités sur des routes ciblées, comme Munich–Boston ou Zurich–Delhi, avant toute décision d’achat.

La réouverture du dossier XLR intervient à un moment où le groupe allemand doit renouveler plusieurs sous-flottes moyen-courrier. Eurowings Discover (rebaptisée Discover Airlines) et SWISS pourraient être les premières à tirer parti d’un tel appareil, plus flexible que les Airbus A330 actuellement employés sur certaines liaisons de loisirs long-courriers.

Selon Handelsblatt, un porte-parole de Lufthansa a confirmé que les déclarations antérieures de Carsten Spohr restent « entièrement valables », tout en précisant que le groupe « évalue de façon continue » de nouveaux modèles d’avions, suivant la rentabilité et l’évolution du marché.

Lufthansa rouvre le dossier Airbus A321XLR après l’avoir écarté 1 Air Journal

@Airbus