La compagnie low-cost Spring Airlines, basée à Shanghai, fait face à une vague de critiques après la publication d’une offre d’emploi à destination des « tantes de l’air », encourageant explicitement les femmes mariées ou ayant des enfants à rejoindre son personnel de cabine.

Face à la pénurie de personnel et au besoin de diversifier son équipage, Spring Airlines a innové dans les habitudes du recrutement en ouvrant la porte aux candidates plus âgées. Plus précisément, le 22 octobre, Spring Airlines a mis en ligne une annonce visant des femmes de 25 à 40 ans, « de préférence mariées ou avec enfants », pour des postes de personnel navigant commercial. Un niveau licence, une taille comprise entre 1,62 m et 1,74 m et, idéalement, une expérience dans le service à la clientèle figuraient parmi les critères requis. Mais l’initiative se heurte à une vive contestation quant à l’image renvoyée des femmes en aviation.

Traditionnellement, la majorité des compagnies chinoises recrutent des hôtesses de l’air âgées de 18 à 25 ans, mettant l’accent sur la jeunesse. Spring Airlines s’explique : « Nous pensons que les femmes plus âgées possèdent une expérience de vie précieuse et une empathie accrue, utiles pour veiller au bien-être des enfants et des passagers âgés », confiait un responsable du recrutement au China News Service.

Un vocabulaire jugé dévalorisant

Ce sont les termes choisis, en particulier « tantes de l’air », qui ont déclenché la polémique sur les réseaux sociaux et dans les médias. En Chine, où l’âge légal de la retraite pour les femmes est fixé à 50 ans, parler de « aunty » («  tante » en français) revient généralement à souligner qu’une femme est mariée, plus âgée ou cantonnée à un rôle traditionnel de ménagère ou de mère au foyer. Pour de nombreuses internautes, cette étiquette est « une marque de profond irrespect envers les femmes, en insistant précisément sur leur statut marital et leur âge », écrit-on sur Weibo.

La compagnie répond qu’elle souhaite, au contraire, offrir plus d’opportunités d’emploi à ces femmes généralement exclues du circuit classique du recrutement. « Diversifier notre équipe, c’est aussi répondre aux besoins de nos passagers, dont beaucoup sont des familles ou des personnes âgées », précise Spring Airlines au South China Morning Post.

Quelles que soient les controverses, l’initiative de Spring Airlines mérite d’être saluée pour avoir privilégié des qualités telles que l’expérience et la compassion, rompant ainsi avec l’importance excessive traditionnelle accordée à l’apparence et à l’âge, et promouvant une vision plus humanisée du rôle des PNC en Chine. Néanmoins, le débat persiste sur la pertinence de limiter ce type de poste à des profils spécifiques, et les modalités de valorisation du métier d’hôtesse de l’air face aux mutations du secteur aérien.

En 2013, Spring Airlines avait défrayé la chronique en habillant ses hôtesses de l’air en femmes de chambre et les stewards en maîtres d’hôtel. Les réactions, positives et négatives, sur le site de micro-blogging chinois Weibo, n’avaient pas tardé à fuser. A l’époque, elle recherchait -également- déjà des femmes d’un certain âge afin de s’occuper au mieux des bébés à bord.

Le recrutement des « tantes de l’air » par Spring Airlines fait la polémique en Chine 1 Air Journal

©Spring Airlines

Le recrutement des « tantes de l’air » par Spring Airlines fait la polémique en Chine 2 Air Journal

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