ITA Airways aurait près d’un tiers de sa flotte moyen-courrier immobilisée à cause des défauts du Pratt & Whitney PW1000G, ce qui ferait d’elle l’une des compagnies les plus sévèrement touchées par ce rappel mondial, selon Corriere della Sera.

Depuis 2023, un défaut dans une poudre métallique utilisée lors de la fabrication des disques de turbine du Pratt & Whitney PW1000G GTF a été identifié. Cette anomalie rend les moteurs susceptibles de subir des fissurations, avec pour conséquence directe l’immobilisation obligatoire des appareils pour des inspections lourdes et des remplacements de pièces. Le problème concerne plus de 1 200 moteurs produits entre fin 2015 et 2021 et touche aujourd’hui des centaines d’appareils dans le monde, majoritairement des Airbus A320neo et A220, dont ceux de la flotte ITA Airways. « La robustesse de ces moteurs n’est pas à la hauteur des espérances », résume un dirigeant de l’Association internationale du transport aérien (IATA). On compte actuellement près de 700 avions immobilisés dans le monde à cause de cette crise.

ITA Airways durement touchée avec 22 appareils hors service

Pour ITA Airways, l’impact est d’autant plus critique que le renouvellement accéléré de la flotte, adossé à une forte dépendance aux moteurs incriminés, fragilise sa capacité à opérer sur le marché national et international. 22 appareils sont actuellement hors service, représentant 28% de la flotte moyen-courrier. Certains appareils seraient immobilisés depuis plus de 300 jours, comme l’Airbus A320neo EI-HJD stationné à Naples depuis janvier 2025. « Cette crise bouleverse toute notre planification. Même l’arrivée d’avions neufs ne garantit pas une activité normale si les moteurs font défaut », affirme un cadre d’ITA Airways. ITA Airways estime des pertes totales à 150 millions d’euros sur cinq ans, soit pas moins de 82 000 euros d’impact quotidien en manque à gagner, coûts de locations et dépenses de maintenance supplémentaires.

Cette situation mène la compagnie à rechercher des avions en location, pousser la maintenance préventive et allonger artificiellement la durée de vie des moteurs disponibles. Toutes ces mesures contribuent, par ricochet, à une pression accrue sur le marché du leasing, où les tarifs de location pour un moteur d’occasion s’envolent, atteignant parfois 190 000 euros par mois.

Au-delà du cas italien, la crise PW1000G oblige l’ensemble des compagnies concernées à revoir leur positionnement industriel. De nombreuses transporteurs européens, comme Wizz Air ou AirBaltic, ont dû annuler vols et fréquences face à l’incapacité du motoriste ou de la filière maintenance à fournir pièces détachées et capacités de réparation en temps voulu.

Selon les analyses d’AlixPartners, le retour à une disponibilité « normale » des moteurs PW1000G n’est pas attendu avant 2027, voire 2030 selon certains exploitants. En Italie, la crise force ITA Airways à revoir ses ambitions et à miser sur l’agilité pour traverser ce qui  ressemble à une mauvaise passe du côté du motoriste américain.

ITA Airways : 22 avions cloués au sol en raison de la fiabilité des moteurs Pratt & Whitney 1 Air Journal

@Airbus