Le groupe aérien suédois Braathens (BRA) a annoncé la faillite de sa filiale dédiée aux opérations Airbus, faute de financements suffisants pour poursuivre l’activité. Ses ATR 72-600, exploités en contrats ACMI pour d’autres compagnies, continueront toutefois de voler, tandis que près de 200 salariés des activités Airbus sont concernés.
Le couperet est tombé dans la nuit : Braathens International Airways AB et Braathens Crew AB, les deux sociétés du groupe suédois liées aux opérations sur Airbus, ont été placées en faillite auprès du tribunal de Solna. Toutes les opérations avec la flotte Airbus – utilisée principalement pour le compte de voyagistes – sont arrêtées avec effet immédiat. En revanche, Braathens précise que ses activités centrées sur la flotte de turbopropulseurs ATR 72‑600 continueront normalement. Ces appareils, exploités en contrats ACMI pour d’autres compagnies aériennes, représentent désormais l’avenir du groupe.
Une stratégie Airbus plombée par des coûts et des retards
Créée en 2022 dans l’objectif de proposer des vols en Airbus A320 aux voyagistes, Braathens International n’a jamais réussi à atteindre la rentabilité espérée. Selon le groupe, le processus de lancement s’est avéré « plus complexe qu’attendu », marqué par des retards de livraisons, des coûts de démarrage supérieurs aux prévisions et une baisse continue de la demande des tour-opérateurs. En 2023 déjà, ces difficultés avaient contribué à une vaste réorganisation de Braathens. Malgré des mesures d’économies et plus de 300 millions de couronnes suédoises (environ 26 millions d’euros) investis par les actionnaires depuis la pandémie, la rentabilité des activités Airbus n’a jamais pu être atteinte.
Le conseil d’administration avait entériné, le 27 août 2025, l’abandon progressif du segment Airbus, en cherchant à financer une phase de transition maîtrisée. Mais les démarches entreprises pour trouver des fonds se sont soldées par un échec. « C’est avec une grande tristesse que nous avons dû nous résoudre à déposer le bilan », a déclaré Per G. Braathen, président du conseil et actionnaire majoritaire. « Nous n’avons pas réussi à sécuriser le financement nécessaire à une sortie contrôlée, et je comprends que ceux qui sont touchés soient tristes, choqués et déçus. Désormais, nous devons concentrer nos efforts sur la partie de l’entreprise qui peut assurer une rentabilité durable. »
Cette faillite touche environ 200 collaborateurs travaillant pour les entités Airbus. Ils bénéficieront de la garantie salariale prévue par l’État suédois. Des négociations avec les syndicats vont s’ouvrir, principalement liées aux suppressions de postes administratifs. Les autres sociétés du groupe – Braathens Regional Airlines AB, Braathens Regional Airways AB, Braathens People AB et Braathens Support AB – ne sont pas concernées par la procédure. Le transporteur insiste sur la continuité de ses opérations régionales et ACMI basées sur ATR 72‑600, comme elle le fait avec SAS Scandinavian, cœur de stratégie pour les années à venir. BRA possède une flotte totale de 15 ATR 72-600 mais devait passer à 17 d’ici la fin de l’année. Il faut d’ailleurs rappeler qu’en mai dernier, ATR et Braathens Regional Airlines ont renouvelé avec succès leur contrat global de maintenance (GMA) des ATR pour une durée de cinq ans. Sinon, la flotte Airbus de Braathens International se compose de deux A319 et de trois A320 et se concentre sur l’offre de services ACMI et charter, un segment qui a fait face à une concurrence accrue et à une demande changeante sur le marché scandinave.
Le modèle retenu par Braathens International – fournir une flotte Airbus A320 aux voyagistes – s’inscrivait dans une niche déjà fragilisée en Scandinavie par la concurrence accrue des low-cost (Norwegian, Ryanair, Eurowings). De plus, la demande charter, historiquement forte dans la région, se contracte depuis la pandémie au profit d’offres de sièges régulières à bas prix. Ce repositionnement sur les turbopropulseurs ATR 72‑600 répond à une logique de consolidation : ces avions plus économes en carburant et adaptés aux liaisons régionales permettent à Braathens de sécuriser des contrats ACMI auprès d’autres compagnies, un segment où la demande reste dynamique en Europe.
La faillite de la division internationale de Braathens survient le lendemain de l’effondrement de PLAY Airlines, une compagnie aérienne low-cost islandaise.


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