En 2024, les compagnies aériennes européennes ont multiplié les prétextes pour refuser d’indemniser les passagers confrontés à des retards ou des annulations de vols.
Selon une étude menée par AirHelp, une société spécialisée dans l’accompagnement des voyageurs pour obtenir leurs compensations, plus de 52% des demandes d’indemnisation pourtant éligibles ont été rejetées dans un premier temps, en dépit de la législation européenne en vigueur.
Concrètement, si l’ensemble des 2,5 millions de passagers éligibles à une compensation en France en 2024 avaient engagé une procédure, environ 1,3 million d’entre eux se seraient vu refuser, à tort, l’indemnisation à laquelle ils avaient droit.
Parallèlement, de nombreuses compagnies aériennes continuent de faire pression pour assouplir les règles de l’Union européenne, notamment en relevant le seuil de retard indemnisable de 3 à 4 heures, voire jusqu’à 6 heures pour les vols long-courriers. Mais, en attendant une éventuelle révision, elles contournent déjà la réglementation actuelle, en particulier le règlement CE 261, à travers des pratiques systématiques de rejet arbitraire.
Des refus injustifiés fréquents
Selon AirHelp, le principal motif de non-indemnisation recensé (26%) a été… l’absence totale de réponse. Plus d’un quart des passagers n’ont reçu aucun retour de leur compagnie aérienne. Deuxième justification invoquée : des conditions météorologiques défavorables (21%), alors qu’aucune preuve tangible (vents violents, sols gelés ou intempéries avérées) n’était observée sur l’itinéraire des vols concernés. D’autres arguments infondés ont également été avancés : rejet de documents valides (13%), attribution du retard au contrôle aérien sans fondement (9%), problèmes techniques évitables (4%), contestation de la durée réelle du retard (3%), ou encore des références aux conditions générales de la compagnie (2%), alors que celles-ci ne peuvent en aucun cas primer sur le droit européen.
« Ces pratiques ne sont pas marginales mais traduisent une stratégie généralisée visant à réduire les coûts liés aux indemnités obligatoires », dénonce AirHelp. Elles surviennent dans un contexte sensible : d’ici la fin de l’année, le Parlement européen doit examiner et voter la révision du règlement (CE) n° 261/2004, visant « des seuils de retard plus longs, une réduction des indemnités et des délais de réclamation plus stricts ».

@AJ/DR
Jean a commenté :
28 août 2025 - 21 h 54 min
Il serait intéressant de publier un classement des bons et mauvais indemnisateurs.
C’est souvent lorsque les choses ne se passent pas comme prévu qu’on peut réellement juger le service d’un transporteur.
cellier a commenté :
12 novembre 2025 - 11 h 55 min
Il faudrait surtout changer le texte qui parle de “circonstances extraordinaires” sans vraiment préciser ce dont il s’agit, ce qui laisse place à l’imaginaire ! Les compagnies se retranchent donc toujours sur ces circonstances extraordinaires pour ne rien rembourser !