Le régulateur de l’aviation américaine, la Federal Aviation Administration (FAA) a levé vendredi la limite de production qui pesait sur le Boeing 737 MAX, autorisant l’avionneur américain à produire jusqu’à 42 exemplaires par mois, contre 38 auparavant. Cette décision marque une étape clé pour Boeing, encore sous surveillance accrue après plusieurs années de crises de sécurité et de qualité.​

Un feu vert sous conditions
Selon la FAA, ce relèvement du plafond intervient à la suite d’un audit complet des chaînes de production à Renton et Wichita. Ses inspecteurs avaient effectué des vérifications « approfondies » afin de s’assurer que cette accélération de cadence se déroule sans compromettre la sécurité. Bryan Bedford, administrateur de la FAA, a confirmé avoir personnellement appelé Kelly Ortberg, directeur général de Boeing, pour l’informer du feu vert.​

Boeing a salué la décision, affirmant suivre un « processus rigoureux » axé sur la qualité, les procédures de sécurité et la collaboration étroite avec le régulateur. « Nous apprécions le travail de notre équipe, de nos fournisseurs et de la FAA pour garantir que nous sommes prêts à augmenter la production en mettant au premier plan la sécurité et la qualité », a déclaré l’avionneur.​

Une restriction imposée après un grave incident
La FAA avait imposé en janvier 2024 une limite de 38 avions par mois, à la suite d’un incident impressionnant survenu sur un 737 MAX-9 d’Alaska Airlines. Une porte-bouchon, mal fixée par manque de quatre boulons essentiels, s’était détachée en plein vol, provoquant une dépressurisation brutale, sans faire heureusement de victimes. L’événement avait exposé d’importantes failles dans la chaîne de contrôle qualité de Boeing et entraîné des enquêtes fédérales et une amende de 3,1 millions de dollars pour violations de sécurité entre septembre 2023 et février 2024.​

Cet épisode s’était ajouté au passif déjà lourd du 737 MAX, marqué par deux crashs mortels en Indonésie et en Éthiopie en 2018 et 2019 qui avaient provoqué une interdiction mondiale temporaire du modèle.​

Enjeux industriels et financiers
Pour Boeing, cette hausse de cadence est cruciale. Le monocouloir 737 MAX génère l’essentiel des revenus commerciaux du groupe. Chaque livraison représente un paiement majeur du client, indispensable à la réduction de la dette due l’avionneur, estimée à environ 53 milliards de dollars, contre 12 milliards en 2018.​

Boeing table sur un retour aux bénéfices en 2026, après huit années déficitaires. En septembre, la FAA lui avait déjà partiellement rendu son autorisation d’effectuer lui-même certaines inspections de navigabilité, dont elle avait été privée depuis 2019 à cause des crashs en Indonésie et en Éthiopie.​

Une montée en puissance prudente
Dans les usines de la région de Seattle, les équipes de production se préparent à cette montée en cadence. Des stocks renforcés de composants ont été constitués pour éviter tout ralentissement, tandis que la FAA continuera de maintenir une présence permanente d’inspecteurs sur les sites de Boeing.​

Le PDG Kelly Ortberg a réaffirmé qu’aucune accélération ne serait engagée sans garanties de stabilité et de qualité. Boeing reste également sous enquête du ministère de la Justice américain au sujet de ses pratiques de production, notamment après l’incident d’Alaska Airlines.

La FAA autorise Boeing à produire davantage de 737 MAX, après des mois de restrictions 1 Air Journal

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