Le refus d’EasyJet de prendre à bord des handicapés non accompagnés, a amené Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux Transports, à menacer la compagnie low cost de sanctions financières. D’un autre côté, une femme handicapée de 60 ans s’apprête à saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde). Le 25 mai dernier, Maryse, femme de 60 ans, paraplégique depuis 14 ans, s’est vu interdire l’accès à un vol easyJet à destination de Genève. Elle raconte : «  La chef de cabine, sur décision du commandant et malgré les contestations de passagers, n'a pas voulu me faire monter dans l'avion car je ne pouvais pas me déplacer seule. Une infirmière a même proposé à l'équipage de s'occuper de moi mais ils ont refusé. Je suis donc rentrée chez moi et le lendemain, j'ai pu partir à Genève avec la compagnie easyJet accompagnée de mon fils mais ils m'ont fait repayer mon billet ». La personne « qui s'est chargée de réserver mes billets d'avion a bien spécifié à easyJet que j'étais paraplégique, ils l'ont bien noté, alors pourquoi me refuser au dernier moment, je ne comprends pas ». Maryse a décidé de saisir la Halde et de porter plainte prochainement pour discrimination et préjudice moral, vient-elle d’annoncer à l’AFP. Des menaces de sanction Plus récemment, mardi 10 août, Jean-Claude Mouton, un Lyonnais paraplégique de 52 ans, s’est aussi vu refuser un vol à bord d’easyJet pour défaut d’accompagnement. Ces différents refus ont fait réagir Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux Transports, qui exprime sa « consternation ». Il a annoncé qu’il avait demandé une enquête à la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) « afin qu'une procédure soit engagée contre la compagnie en cas de manquement, en vue d'éventuelles sanctions ». « Easyjet ne peut se réfugier derrière des règlements de sécurité pour refuser d'embarquer des passagers ayant des difficultés à se déplacer », estime Dominique Bussereau. « Elle doit mettre en oeuvre des solutions adaptées à chaque cas, comme le font la plupart des compagnies. Sinon elle doit être sanctionnée avec la plus grande sévérité », a-t-il menacé. Rentabilité contre humanité ? EasyJet de son côté a fait savoir par la voix d’Elisabeth Le Gall, directrice marketing pour la France et le Bénélux à easyJet, que « la réglementation européenne nous impose d'évacuer un appareil en 90 secondes et donc nous avons l'autorisation de demander un accompagnateur afin de garantir la sécurité de la personne et celle des passagers ». Jeannette Bougrab, la présidente de la Halde, s’est aussi exprimée sur le sujet en déclarant qu’une compagnie aérienne n’avait « pas le droit de refuser un passager en raison de son handicap, sur ce seul fondement. » Selon elle, « Les compagnies low-cost ont un temps de rotation court » et elles « privilégient la rentabilité à l'humanité » : c'est « triste » pour des personnes qui « sont souvent humiliées ». Elle compte « faire des propositions au gouvernement fin septembre-début octobre afin de préciser le règlement européen pour éviter ce genre de situations qui sont inacceptables ».