Des constructeurs aéronautiques russe et chinois vont s’allier pour produire un avion long-courrier widebody, avec pour but une entrée en service entre 2023 et 2025. Dans son entretien avec Aviation Week, le président du groupe United Aircraft  Corp (propriétaire d’Irkut) Mikhail Pogosyan annonce qu’une étude de faisabilité sera conclue dans quelques mois, suite à laquelle le programme pourrait être lancé. « Le segment du long-courrier widebody est plutôt intéressant pour nous » explique-t-il, avant d’avouer qu’il faudra étudier attentivement le marché et « définir clairement le niveau technologique nécessaire pour entrer sur ce marché très compétitif, avec un produit apportant de nouvelles solutions qualitatives ». Le futur partenaire chinois n’est pas nommé par le PDG, mais le magazine penche pour Comac avec qui Irkut a signé en 2012 un accord de développement justement pour un futur long-courrier de la taille de l’Airbus A330, destiné aux marchés intérieurs russe et chinois mais aussi à l’exportation. Irkut et Comac sont tous deux aux prises avec le lancement de leurs monocouloirs respectifs, le MS-21 et le C919. Le premier, pouvant accueillir entre 150 et 212 passagers, devrait voler pour la première fois l’année prochaine, et entrer en service en 2017 ; il a été commandé à 257 exemplaires fermes plus 39 options en Russie (Aeroflot surtout) et en Turquie. Le deuxième (158 à 174 places) a engrangé 400 commandes, principalement en Chine mais aussi par les sociétés de leasing GECAS ou ILFC, et devrait entrer en service en 2017 ou 2018 (l’autre programme de Comac, l’ARJ21, doit entre en service au printemps 2015 chez Chengdu Airlines). Si la concurrence de l’A330, de l’A350 ou du Boeing 787 Dreamliner peut sembler dantesque, Aviation Week rappelle que le futur widebody sino-russe aura au moins un avantage : il bénéficiera des dernières technologies de réacteurs. La menace est lointaine mais le projet ne sera pas ignoré par les deux géants, surtout chez Airbus qui doit décider si une version remotorisée de l’A330 vaut le coup d’être lancée ; une décision qui interviendra cette année selon le président des programmes Tony Williams, cité par le magazine, les 255 commandes non livrées pour l’A330 actuel garantissant une production jusqu’à 2016, voire 2018 si les achats enregistrés ces derniers mois continuent.