Le syndicat SNPL France ALPA va engager contre la compagnie aérienne Air France une procédure devant les prudhommes, estimant que seul le jour de grève déclaré pendant le mouvement social de septembre doit être pris en compte dans les réductions de salaires, même si le pilote n’a de fait pas pu travailler les jours suivants. Alors que le syndicat majoritaire chez les pilotes de la compagnie nationale française se penchera demain sur le projet de développement de la filiale low cost Transavia, au cœur de la grève de 14 jours en septembre, Le Figaro révèle ce 5 novembre 2014 qu’il a incité ses adhérents à poursuivre Air France , accusée de retirer aux pilotes grévistes trop de jours de salaire (leur part fixe) par rapport au nombre de jours de grève déclarés. Le quotidien annonce que « près de 2000 membres du SNPL d'Air France devraient, pour le principe, réclamer le paiement de journées non travaillées », dans le cadre d'une « procédure longue qui n'aboutira probablement pas avant l'été prochain ». Comme nous vous l’expliquions au lendemain de l’arrêt de la grève, le SNPL a conseillé à ses adhérents l’astuce suivante, particulièrement efficace pour les vols long-courriers. Un pilote qui doit par exemple faire pendant cinq jours des voyages allers et retours entre les aéroports de Paris et Tokyo, se déclare en grève seulement pour le premier jour ; son vol ne décolle donc pas, et comme l’avion n’est pas parti à Tokyo, il ne peut pas en revenir le lendemain. Le planning est ainsi perturbé jusqu’à la fin de la semaine. Le pilote, lui, n’a été officiellement en grève que le premier jour ; il va par conséquent demander à l’entreprise de le payer pour les jours suivants, même s’il n’a pas volé de la semaine. Le syndicat Alter (non représentatif) tenait le même raisonnement : le pilote en grève une journée, et officiellement au chômage technique les jours suivants, se tient « à la disposition d’Air France » et devrait donc être payé – même si la compagnie ne lui a pas proposé de vol, et s’il « ne sait pas s’il aurait accepté » ces vols de substitution… Le courrier adressé par le SPNL à ses adhérents précise selon Le Figaro que la procédure sera « prise en charge » par le syndicat, qui affirme qu’il « ne s'agit évidemment pas de se faire payer les jours de grève comme certains médias l'ont diffusé mais de faire appliquer la loi et l'accord stabilité de planning ». Cet accord de stabilité fixe l’emploi du temps des pilotes un mois à l’avance, jours de repos compris – ce qui enlève à Air France toute possibilité de faire appel à d’autres pilotes pour remplacer les grévistes. La compagnie a donc décidé de regarder les jours effectivement travaillés par rapport au planning : si un pilote ne se déclare en grève qu’un seul jour mais est de fait absent les deux suivants, ce sont ces trois jours qui seront décomptés du salaire. Le Figaro rappelle que la Cour de Cassation avait déjà jugé en 1998 que les jours de rotations peuvent être comptabilisés comme jour de grève, ce qui laisse peu de chance à l’action judiciaire du SNPL d’aboutir – et renforce les soupçons d’électoralisme avant le scrutin de février prochain. En outre selon le quotidien, l’astuce utilisée par le SNPL n’a jamais été employée par ses homologues chez les PNC…