Le groupe Lufthansa et les compagnies aériennes low cost Jetairfly et Thomas Cook Belgium ont suspendu leurs vols vers Charm el-Cheikh tandis que KLM interdit les bagages en soute au Caire, la piste d’une bombe déposée à bord de l’Airbus A321 de la compagnie aérienne Metrojet progresse. La France et la Belgique ont rejoint la Grande Bretagne en recommandant à leurs ressortissants d’éviter de se rendre dans la province du Sinaï, où s’est écrasé samedi l’avion avec 224 personnes à bord. Les premiers rapatriements de touristes étrangers sont prévus ce vendredi. Jusqu’à nouvel ordre et « par précaution », les vols vers la station balnéaire égyptienne sont suspendus par Eurowings, filiale low cost de Lufthansa, depuis Düsseldorf et par Edelweiss Air (Swiss) depuis Zürich. Le groupe Lufthansa expliquait le 5 novembre 2015 que la décision a été prise « au vu de la situation actuelle dans le Sinaï », et que la reprise des vols dépendra de l’évolution de cette situation. Il affirme travailler avec le gouvernement égyptien pour rapatrier les touristes bloqués à Charm el-Cheikh, un problème auquel fait déjà face la Grande Bretagne dont cinq compagnies avaient suspendu leurs dessertes dès mercredi sur ordre du gouvernement (British Airways, easyJet, Monarch Airlines, Thomas Cook Airlines et Thomson Airlines). En Belgique, ce sont Jetairfly et Thomas Cook Airlines Belgium qui ont imité le mouvement depuis Bruxelles. La France a hier déconseillé formellement à ses ressortissants de se rendre dans la péninsule égyptienne du Sinaï sauf raison impérative « notamment professionnelle », la « bande côtière » entre Charm el-Cheikh et Taba étant nommément visée (il n’y a aucun vol direct). La Belgique a pris une décision similaire, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders expliquant que « nous ne disposons pas de garanties suffisantes quant au bon fonctionnement de la sécurité aéroportuaire ». KLM Royal Dutch Airlines ne dessert pas Charm el-Cheikh, mais elle interdit depuis ce vendredi aux passagers de son vol entre Le Caire et Amsterdam d’enregistrer des bagages en soute, une mesure de précaution prise sur la base « d’informations reçues se sources nationales et internationales ». Cette mesure est d’ailleurs adoptée par easyJet, Monarch et Thomson Airways qui vont effectuer aujourd’hui quinze vols vers Charm el-Cheikh pour évacuer quelques 20 000 ressortissants britanniques ; leurs bagages seront rapatriés sur des vols séparés. L’Italie a demandé à Blue Panorama, Meridiana et Neos d’effectuer eux-mêmes des contrôles de sécurité supplémentaires sur les passagers. Ces précautions suivent les rumeurs de plus en plus pressantes sur des défaillances qui auraient été constatées dans l’aéroport égyptien, accusation démentie par les autorités égyptiennes qui rappellent que la Grande Bretagne avait déjà mené une inspection il y a dix mois sans rien constater d’anormal (des moyens avancés de détection d’explosifs auraient même été mis en place suite à cette visite). Apparemment aucun des passagers de Metrojet n’est suspecté d’avoir des liens avec des groupes terroristes, et les suspicions se tournent désormais vers les employés aux bagages et d’autres salariés au sol. Un officiel américain évoque sous condition d’anonymat la possibilité d’une « infiltration dans les zones sécurisées de l’aéroport, dont le périmètre est poreux ». La télévision égyptienne indiquait ce weekend que deux jeunes hommes avaient pénétré l’aéroport de Hurghada avant d’être arrêtés ; ses sources officielles parlent de tentative de cambriolage, d’autres évoquant la volonté de se cacher dans un avion partant vers l’Espagne. Cinq jours après le crash du 31 octobre 2015, aucune information officielle n’a été diffusée sur l’enquête. L’examen des enregistreurs de vol se poursuit, plus facilement pour les données de vol que pour les voix du cockpit selon certains médias. La probabilité d’un acte terroriste est toujours mise en avant par la Grande Bretagne et les Etats-Unis, tandis que Russie et Egypte mettent en garde contre des conclusions prématurées. Le ministère russe des transports a d’autre part révélé hier que la dernière maintenance (C-Check) de l’Airbus A321 de Metrojet avait été effectuée le 18 mars 2014 par Turkish Technic, filiale MRO de Turkish Airlines ; le certificat d’opérabilité de l’appareil a été étendu après vérification au premier trimestre 2015 par l’Autorité de l’aviation civile irlandaise (d’où est originaire la société de leasing qui louait l’appareil à la compagnie charter russe).