De nombreux aéroports dans le monde ont renforcé leurs mesures de sécurité suite à l’attentat qui a fait au moins 14 morts et 96 blessés mardi à Bruxelles-Zaventem. Le débat sur la vulnérabilité des aéroports reste sans solution. Paris, Londres, Madrid, Francfort, Montréal, New York, Denver… La liste des aéroports ayant annoncé le 22 mars 2016 un renforcement de la sécurité est longue. A Roissy-Charles de Gaulle par exemple, 150 policiers et militaires supplémentaire ont été déployés « afin d'assurer la sécurité du personnel de l'aéroport et des passagers », expliquait le préfet chargé de la sécurité à CDG Philippe Riffaut, et ce pour « plusieurs jours » ; quatre patrouilles supplémentaires de véhicules légers sont mises en place à Orly. A l’aéroport de Nice-Côte d’Azur, le préfet annonce un renforcement de la « sécurisation des deux aérogares. On a deux patrouilles à l’aéroport, des CRS vont venir se positionner en sécurisation à l’aéroport pour assurer une visibilité optimale ». Quelques 120 hommes, pour moitié des CRS, vont être déployés à l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, tandis qu’à Marseille-Provence « une compagnie de CRS organisée en quatre sections de 15 à 20 personnes a également été déployée » selon La Provence, venant renforcer « une patrouille de 40 agents de la police aux frontières ainsi que deux équipes de militaires du plan Vigipirate de 5 à 10 personnes côté voyageurs ». air-journal_DGAC securite des volsPhilippe Riffau explique toutefois que ces patrouilles autour des aéroports parisiens se font « sans contrôle systématique, car il s'agit de concilier la fonctionnalité de l'aéroport et la sécurité ». Car outre le fait que le risque zéro n’existe pas, les deux explosions qui ont dévasté hier le hall d’enregistrement de Bruxelles-Zaventem sont la preuve de l’insoluble équilibre entre sécurité et gestion d’un nombre toujours plus important de passagers. L’accès aux avions est plutôt bien sécurisé par les contrôles à l’arrivée en zone sous douane et à l’embarquement ; mais installer plus de portiques et de scanners en amont de l’enregistrement ne ferait que repousser la foule des voyageurs à l’extérieur, où elle resterait tout autant vulnérable à une attaque terroriste – tout en entravant la fluidité nécessaire au fonctionnement d’un aéroport comme Zaventem, qui a accueilli 23 millions de passagers l’année dernière. Pour ACI Europe, sécuriser les halls d’embarquement au niveau de l’intérieur des aérogares serait « irréaliste et inefficace », et ne ferait que « déplacer la cible plutôt que la sécuriser ». Le problème évident des coûts associés n’est pas mentionné mais selon l’association représentant les aéroports, la meilleure solution pour lutter contre le terrorisme reste de « renforcer les capacités du renseignement, sa coordination et le partage des informations acquises ». Pourtant des mesures de ce genre sont en place à Tel Aviv, à Nairobi ou à Manille par exemple, avec scan des bagages et vérification des passeports avant l’arrivée au terminal (et de nouveau ensuite) ; mais la situation politique n’y est pas tout à fait la même qu’en Europe occidentale. Le préfet de CDG a rappelé que la sécurité dans les aéroports, renforcée ou pas, repose aussi sur les caméras et sur « la présence, sur l'observation et si nécessaire sur le contrôle » par les patrouilles. Des contrôles aléatoires de détection de traces d’explosifs sur les passagers sont devenus obligatoires début janvier dans tous les grands aéroports européens. Plus généralement, les mesures se sont concentrées depuis des années sur les zones « airside », accessibles seulement aux employés et aux passagers munis de carte d’enregistrement – des mesures homogénéisées au niveau international. La zone publique (« landside ») reçoit de son côté des mesures décidées par le pouvoir local et semblables à celles des autres transports publics comme le métro ou les gares, comme par exemple les patrouilles de l’armée dans le cadre de Vigipirate. Rappelons que l’attaque à l’aéroport de Bruxelles hier n’était pas la première, ni même la pire du genre : en 2011, un attentat-suicide avait tué 37 personnes dans les couloirs de l’aéroport de Moscou-Domodedovo. air-journal_Toulouse aeroport securite