L’Etat a officialisé hier la privatisation partielle des gestionnaires des aéroports de Nice-Côte d’Azur et de Lyon-Saint Exupéry, la vente des 60% du capital qu’il y détenait devant rapporter 1,76 milliard d’euros. Les arrêtés publiés le 30 octobre 2016 dans le Journal Officiel officialisent d’une part la vente de la participation de l’état dans Aéroports de Nice, le gestionnaire des aéroports de Nice, Cannes-Mandelieu et Saint-Tropez, au consortium Azzurra, « une société de droit italien constituée par les sociétés Atlantia SpA, Aeroporti di Roma SpA et Electricité de France » (1,222 milliard d’euros, concession jusqu’en 2044) ; d’autre part, la participation de l’état dans Aéroports de Lyon va à au consortium « de droit français constituée par les sociétés Vinci Airports et Predica et par la Caisse des dépôts et consignations » (535 Millions d’euros, concession jusqu’en 2047). Ces arrêtés viennent officialiser la décision annoncée fin juillet par le ministère des finances, et clore le processus de privatisation pour les deux principaux aéroports de province.  A Nice comme à Lyon, les 40% restants du capital sont aux mains d’actionnaires publics locaux. La privatisation partielle du gestionnaire de Toulouse-Blagnac avait rapporté 300 millions d’euros. L’Etat soulignait lors de l’attribution des deux concessions que l’arrivée au capital des sociétés de gestion des aéroports d’un investisseur privé expérimenté et s’engageant sur le long terme devait permettre « d’offrir des perspectives solides pour le développement de l’aéroport et de son territoire, et ainsi contribuer à l’attractivité et au dynamisme de toute l’économie régionale, comme cela a été le cas en Europe lors d’opérations antérieures, notamment en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie ». Avant de rappeler qu’il conserve « par son rôle de concédant, les leviers lui permettant de s’assurer de la robustesse économique de la société et du respect des exigences liées au service public aéroportuaire, notamment en matière de sûreté et de prise en compte des enjeux environnementaux ». Les gestionnaires partiellement privatisés demeurent soumis à une régulation de leurs tarifs de redevances aéroportuaires par l’Autorité de Supervision Indépendante, qui « devra homologuer chaque année ces tarifs et s’assurera qu’ils évoluent de façon modérée », et l’Etat reste propriétaire des infrastructures. Une première réaction est tombée dimanche soir : l’Association contre l’Extension et les Nuisances de l’Aéroport de Lyon St Exupéry (ACENAS) dit dans un communiqué craindre « les conséquences de cette opération qui conduira à un doublement du trafic aérien et la création d’une méga-zone fret pour le sud de l’Europe. Les habitants refusent d’être sacrifiés avec l’augmentation des nuisances et des impacts avérés sur leur santé ». Selon l’association, Vinci a déjà annoncé sa volonté d’augmenter le trafic « alors qu’aucune disposition concrète n’a été prise pour les 100.000 riverains impactés par les nuisances aéroportuaires, routières et ferroviaires » de la plateforme. Les vols de nuit « constituent un réel problème de santé publique, connu des autorités mais à ce jour ils ne sont toujours pas interdits, malgré les injonctions ». L’ACENAS craint « une réelle explosion des nuisances et réclame d’urgence la mise en place d’un couvre-feu » ; elle a d’ailleurs déposé des recours au Conseil d’Etat (avril 2016) et devant le Tribunal Administratif de Paris (septembre 2016) pour contester le cahier des charges et le choix du consortium mené par Vinci.