Le gouvernement a finalement remis à 2024, après l’ouverture de la ligne CDG Express, la mise en place d’une taxe d’environ un euro par passager pour financer la ligne ferroviaire qui reliera la Gare de l’Est à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Devant le tollé suscité par l’annonce de cette nouvelle taxe qui toucherait en premier lieu la compagnie aérienne Air France, le secrétaire d'État aux Transports Alain Vidalies a annoncé une modification du calendrier lors de l’examen au Sénat du projet de loi portant sur le CDG Express. « La taxe sur les billets d'avion ne sera perçue qu'à compter de la mise en service du CDG Express au début de l'année 2024 », a-t-il déclaré, « le mode de financement alternatif qui viendra se substituer à la taxe initialement prévue pour la période entre 2017 et 2023. Le gouvernement fera connaître dans les prochains jours le mode de financement alternatif qui viendra se substituer à la taxe initialement prévue pour la période entre 2017 et 2023 ». Ces dispositions seront intégrées dans le projet de loi de finances rectificative. Le secrétaire d’Etat a ajouté avoir été « attentif notamment aux observations qui sont faites sur la situation d'Air France », surtout dans la période où elle ne bénéficiera pas de l’infrastructure. Le gouvernement va rechercher « une solution qui permettra à toutes les parties d'être satisfaites ». La taxe dévoilée en aout dernier, qui ne concerne pas les passagers en transit et rapporterait chaque année entre 35 et 40 millions d’euros, devait permettre de boucler le financement du CDG Express, dont l’inauguration est annoncée pour 2023. Le but de sa mise en place dès 2017 était de convaincre les banques de financer le chantier afin qu’il ne souffre d’aucun retard – surtout si les Jeux Olympiques 2024 sont attribués à Paris. Mais elle avait provoqué une levée de boucliers chez les compagnies aériennes comme chez les syndicats, en particulier à Air France qui estimait son impact annuel à 17 millions d’euros par an. S’il se disait favorable au projet en lui-même, le PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac déclarait alors que ce nouveau prélèvement intolérable « alourdirait encore plus les charges déjà élevées qui pèsent sur la compétitivité du transport aérien français » ; et il ne voyait pas pourquoi il fallait garantir via une taxe sur les billets d'avion « la rentabilité financière d'un projet porté par d'autres opérateurs ». Devant le tollé soulevé, y compris à la FNAM, au SCARA comme chez le SNPL ou la CFDT côté syndicats, le PDG du groupe Aéroport de Paris Augustin de Romanet évoquait déjà en septembre « un financement provisoire donc réversible » : la taxe n’est « pas du tout destinée à permettre de faire des profits à quiconque », précisait le dirigeant du groupe ADP, s’engageant à l’abandonner si « par hasard, le projet était sur-rentable ». Sans préciser quel niveau de rentabilité sera considéré comme normal, ni au bout de combien de temps après l’instauration de la taxe sa rentabilité sera étudiée. Le gouvernement français indiquait de son côté vouloir réfléchir à « une compensation pour faire en sorte que l'opération soit blanche pour Air France et pour toutes les compagnies présentes sur l'aéroport de Roissy » ; la compensation aurait pu se présenter sous la forme d’une réduction d’autres taxes. En plus du ticket à 24 euros, l’idée d’une contribution des passagers au financement de la ligne CDG Express, qui reliera la Gare de l’Est à Roissy avec un budget approchant 1,7 milliards d’euros, avait été évoquée dès 2013. Rappelons que la ligne de 32 kilomètres devrait rejoindre l’actuelle ligne du RER B entre Aulnay et Mitry-Claye, puis irait directement vers la gare RER de Roissy, le tout en quinze à vingt minutes – avec un train toutes les 15 minutes entre 5 heures du matin et minuit. La construction à elle seule coûtera 1,4 milliard d’euros, le reste allant au matériel roulant. ADP et SNCF Réseaux estiment qu’il manque 400 millions d'euros pour financer le projet.