La compagnie aérienne low cost Ryanair a ajouté Air France à la liste des transporteurs traditionnels desquels elle pourrait alimenter l’activité long-courrier. A l’instar de ce qu’elle lancera dès le mois de juin avec la low cost Norwegian, et avec comme argument la pression sur les syndicats. Après Alitalia, Lufthansa et Aer Lingus, la compagnie nationale française a été nommée par Michael O’Leary comme une partenaire possible sur le moyen-courrier : dans un entretien accordé à Austrian Aviation Net le 13 février 2017, le CEO de la spécialiste irlandaise du vol pas cher cite Air France comme pouvant bénéficier d’un tel accord. Avec un argument provocateur : vu les difficultés rencontrées par les compagnies traditionnelles pour lancer des filiales à bas coûts, une collaboration avec Ryanair « leur donnerait une arme et un moyen de pression contre les pilotes et les syndicats », affirme le dirigeant sans toutefois évoquer ni Transavia ni le projet Boost. Il n’y peut y avoir de changement sans pression sur les syndicats, ajoute Michael O’Leary, et faute de résultat « la seule issue possible » pour ces compagnies est de collaborer avec les low cost. Il considère d’ailleurs qu’Eurowings est déjà un échec « avec un coût de 100 euros par siège, plus élevé que chez easyJet ou Norwegian ». Avant de rappeler à Air France et ses consœurs qu’elles perdent de l’argent sur le moyen-courrier alors que lui en gagne : un accord d’alimentation du long-courrier serait donc bénéfique à tout le monde, elles perdant moins d’argent et pouvant se restructurer « avec moins de risques et moins de grèves », et Ryanair ayant « moins de concurrence ». Si aucune compagnie traditionnelle n’a encore répondu aux avances du très provocateur patron de Ryanair, l’accord avec la low cost Norwegian semble se rapprocher plus vite que prévu : annoncées début février pour « d’ici la fin de l’année » par le patron de cette dernière Bjorn Kjos, les premières correspondances entre le réseau européen de Ryanair et les vols long-courriers de Norwegian seraient mis en place dès le mois de juin selon Michael O’Leary. Et il demande « pourquoi cela ne marcherait pas avec Lufthansa, Air France ou Alitalia ? », reconnaissant qu’il sera difficile de les convaincre qu’il ne s’agit pas d’une « arnaque ». Le sujet du long-courrier opéré en propre par Ryanair a aussi resurgi hier, mais pour être aussitôt écarté : s’il n’abandonne pas complètement l’idée dans un entretien avec Bloomberg, Michael O’Leary rappelle que ce ne sera pas possible « tant que Boeing et Airbus n’auront pas 80 à 100 créneaux de livraisons libres pour des avions long-courriers ». Leurs carnets de commande sont « pleins jusqu’à 2020 ou 2012 », ajoute-t-il, « nous n’allons donc pas nous tuer sur le sujet ».