Après le refus des salariés d’accepter un nouveau plan d’austérité, la compagnie aérienne Alitalia a convoqué ses actionnaires jeudi pour préparer les six prochains mois, qui devraient se passer sous « administration extraordinaire » menée par un commissaire nommé par le gouvernement. Avec au bout du tunnel une recapitalisation ou la liquidation. Aucun changement dans le programme de vols n’est annoncé dans l’immédiat. Le conseil d'administration de la compagnie nationale italienne a le 25 avril 2017 « pris note avec regret » de la décision des employés de rejeter le projet d'accord signé entre la société et les syndicats. L'approbation de l'accord aurait permis de débloquer 2 milliards de recapitalisation dont plus de 900 millions de nouveaux financements, rappelle Alitalia, mais étant donné « l'impossibilité de procéder à la recapitalisation », le conseil a décidé de « commencer à préparer les procédures prévues par la loi » : une assemblée générale des actionnaires est convoquée jeudi « pour délibérer sur leur mise en œuvre ». Pour le vice-président James Hogan, qui dirige également l’actionnaire Etihad Airways, « toutes les parties y perdront » : les salariés d'Alitalia, ses clients et ses actionnaires, « et finalement l'Italie aussi ». Du côté du gouvernement, les ministres du Développement économique, des Transports et du Travail ont fait part de leur « regret et étonnement » face au résultat « qui risque de mettre à mal la recapitalisation » de la compagnie aérienne : l'objectif du gouvernement, qui ne mettra pas la main à la poche, sera dans les prochains mois de réduire au minimum « les coûts pour les citoyens italiens et les voyageurs ». Les syndicats qui avaient signé le projet d’accord appellent la direction et le gouvernement à éviter des décisions qui seraient « traumatisantes et irréversibles ». Tous ces communiqués surviennent après le référendum sur le projet d’accord qui prévoyait 1700 suppressions de postes et des réductions de salaires : 67% des 12.500 employés ont voté contre, avec une participation autour de 90%. Alitalia, qui prévoyait un retour à l’équilibre en 2019, espérait une réponse positive : les actionnaires dont Etihad Airways (49% du capital) et les banques UniCredit et Intesa Sanpaolo avaient conditionné à l’acceptation du projet d’accord une injection d’urgence de 400 millions de dollars dans le capital de la compagnie exsangue. Selon La Stampa qui ne cite pas de sources, Etihad chercherait déjà à se séparer de ses actions, en partie ou en totalité, une vente au groupe Lufthansa étant évoquée par le quotidien. Rappelons que les deux compagnies ont annoncé un partenariat en février, et Lufthansa a pris en location avec équipage 38 avions d’Air Berlin dont Etihad est également actionnaire. La compagnie de l’alliance SkyTeam maintient pour l’instant son programme de vol sans changement, ayant selon certaines sources « assez de liquidités pour deux ou trois semaines d’opérations ». Elle perdrait actuellement 500.000 euros par jour.