La compagnie aérienne Tunisair a vu son trafic passager progresser de 29,5% en avril, et de 12% depuis le début de l’année. Mais elle est dans une situation financière qualifiée d’extrêmement difficile par le ministre des transports, qui annonce une nouvelle restructuration – rejetant au passage toute idée de vente ou de faillite. Dans son communiqué du 4 mai 2017, la compagnie nationale tunisienne annonce avoir transporté 309.846 passagers le mois dernier, contre 239.295 en avril 2016. Sur les lignes régulières, le trafic de Tunisiar a bondi de 28,8% à 291.393 passagers, tandis que sur le charter elle passe de 12.863 à 14.131 passagers grâce au petit pèlerinage. Le coefficient d’occupation de ses avions est passé à 76,8%, soit un gain de 8,7 points de pourcentage. Région par région, Tunisair a vu son trafic augmenter en avril de 33,2% vers et depuis l’Europe par rapport à l’année dernière (71,6% de son trafic global). Vers et depuis l’Afrique, le trafic passager gagne 19,0% (14,2% du trafic global), tandis que vers le Moyen-Orient le gain est de 13,8% (13,6% du trafic global). Pas de comparaison possible pour l’Amérique du nord puisque la liaison vers Montréal a été inaugurée en juin dernier, mais Tunisair affiche 1698 passagers en avril.  Depuis le début 2017, Tunisair a enregistré une hausse de trafic de 12%, et elle vise 14% pour l’année entière selon son directeur commercial adjoint Ali Miaaoui interrogé par Mosaïque FM. Elle louera en outre « quatre avions pour transporter les pèlerins vers L’Arabie Saoudite ». Mais ces bonnes nouvelles sur le trafic ne sont pas suivies d’effets sur le terrain financier : le ministre du Transport Anis Ghédira a annoncé lundi sur la même radio avoir lancé l’élaboration d’un programme de restructuration, qui sera soumis à un conseil ministériel à une date non précisée. Il évoque une situation financière extrêmement difficile, « du fait de la baisse du trafic aérien après la révolution », mais aussi en raison de « choix sociaux » qui ont encore compliqué les choses. Il préfère d’ailleurs parler de « plan de sauvetage en voie d’actualisation ». Mais le ministre explique aussi dans African Manager que « si on venait à vendre Tunisair ou à la mettre en faillite (…), la Tunisie ne pourra plus se pourvoir de toute stratégie de positionnement commercial ou touristique, par le biais de nouvelles lignes aérienne, sur l’Afrique ou ailleurs ». Il s’oppose donc à toute « logique de vente », Tunisair étant nécessaire au pays pour des raisons commerciales mais aussi « pour qu’elle continue à jouer le rôle social qui est le sien ». Une ouverture du capital plus importante parait en revanche envisageable, le ministre jugeant « négociable » l’introduction d’un partenaire stratégique.  Rappelons que Tunisair avait dévoilé an aout dernier un plan d’austérité incluant le départ d’un millier d’employés, dont 400 via des départs volontaires. Et elle s’était dotée en janvier d’un nouveau PDG, Elyes Mnakbi, la dirigeante sortante évoquant alors une accélération de la mise en œuvre du plan de redressement : une amélioration de la productivité, l’adoption d’un nouveau mode de gouvernance, l’amélioration de la qualité de service, une meilleure gestion des filiales, la modernisation des outils de gestion, et bien sûr la réduction des coûts et l’augmentation des recettes.