La cour d’appel de Paris ne jugera pas avant mars prochain le cas des salariés de la compagnie aérienne Air France, condamnés en première instance pour leur implication dans l’affaire des « chemises arrachées ». Le dossier sera rejugé les 12, 13, 14, 19, 20 et 21 mars 2018, précise Le Point après la décision lundi de la cour d’appel. Le Tribunal de Bobigny avait condamné le 30 novembre dernier trois ex-salariés de la compagnie nationale française, tous militants de la CGT, à 3 et 4 mois de prison avec sursis pour avoir agressé, lors d'une manifestation pendant le comité central d'entreprise d’Air France en octobre 2015 le DRH de compagnie nationale française Xavier Brosetta et le responsable du long-courrier Pierre Plissonnier. Deux prévenus poursuivis pour violences avaient été relaxés (le Parquet a fait appel pour un des deux), et les dix autres s’étaient vu infliger une amende de 500 euros pour dégradations. Le procureur avait requis en septembre 2016 des peines de deux à quatre mois de prison avec sursis contre les cinq prévenus accusés de violences, et une amende de 1000 euros contre les dix autres pour dégradations. Après le verdict de novembre, le numéro 2 de la CGT Mehdi Kemoune avait immédiatement annoncé son intention de faire appel. L’avocate de onze des quinze prévenus, Lilia Mhissen, avait reconnu que si quatre condamnés y étaient déjà favorables, les autres pourraient en revanche être dissuadés de continuer le combat judiciaire par « la carotte » que constitue la non-inscription au casier judiciaire des peines prononcées. Quant à l’ancien magasinier à la maintenance et délégué syndical CGT Air France Vincent Martinez, dont le licenciement avait été validé par le ministère du travail, il avait expliqué dans Le Parisien vouloir se « reconcentrer » sur sa vie professionnelle, gardant espoir de réintégrer un jour la compagnie. Air France avait obtenu l’euro symbolique de dédommagement et indiqué son intention de tourner la page et de clore ce « triste épisode », le directeur juridique Franck Raimbault saluant alors un « jugement équilibré qui confirme que la violence doit être sanctionnée ». Rappelons que les négociations avec les syndicats étaient alors sur le point de débuter sur le plan stratégique Trust Together annoncé par le nouveau PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac ; un plan qui provoquait déjà la colère des syndicats de PNC, notamment l’annonce du projet Boost de nouvelle filiale à coûts réduits. Les incidents autour du CCE d’octobre 2015 s’étaient déroulés alors qu’Air France venait de confirmer la restructuration de son réseau long-courrier, avec baisse de capacité de 10% entre 2015 et 2017, fermeture de 5 lignes et suppression de 2900 postes (dont environ 300 pilotes, 900 Personnel Navigants Commerciaux et 1700 employés au sol). Dans les secteurs où les concertations/négociations permettent d’atteindre les objectifs de Perform 2020, l’adaptation des effectifs se fera sous la forme de départs volontaires. Dans les autres secteurs, le recours aux départs contraints ne pourra être exclu.