Le bureau exécutif du syndicat de pilotes SNPL a démissionné pour marquer son désaccord sur le traitement des syndicalistes de HOP! Air France accusés d’avoir fait passer des jours de vacances en représentation syndicale. Le tout sur fond de guéguerre avec la section de la compagnie aérienne Air France, qui va de nouveau consulter les pilotes sur la création du projet Boost mais annonce avoir mis fin à son exigence de hausses de salaires. Chapeautant des branches dans toutes les compagnies françaises, le SNPL « national » a perdu son bureau exécutif le 18 mai 2017 ; la « goutte d’eau qui a fait déborder le vase », selon un communiqué du bureau exécutif publié par La Tribune, est l’affaire des pilotes tricheurs découverte chez HOP! Air France en début d’année. Quatorze pilotes de la filiale régionale avaient reconnu avoir pendant des années fait passer pendant des années des jours de congés en heures de délégation syndicale - avec un gain de « 23.000 euros brut par an » pour un d’entre eux selon Le Parisien. Un conseil de discipline du SNPL avait alors décidé d’exclure trois pilotes, trois autres avaient reçu un blâme et été démis de leur fonction, quatre avaient reçu un avertissement, et l’affaire avait été classée sans suite pour les quatre derniers. Mais en appel, le Conseil national du SNPL avait classé l’histoire sans suite et blanchi tous les pilotes syndicalistes de HOP!. Une « dérive totalitaire qui s’installe au sein du SNPL », dénoncent les membres du bureau exécutif, évoquant « un simulacre de démocratie inacceptable pour des raisons claniques pour sauver quelques soutiens ». La bisbille entre le SNPL « national » et sa section Air France est aussi une lutte de pouvoir entre leurs dirigeants respectifs, Eric Devivry et Philippe Evain, le second (soutenu par la section de HOP!) reprochant au premier de ne pas supporter sa stratégie contre le projet Boost. Eric Devivry expliquait hier dans le JDD qu’il estime « satisfaisant » l’accord présenté par Air France sur ce projet, à l’image de la position des pilotes interrogés par voie de référendum sur une première version (et déjà rejeté par le SNPL Air France en février). La semaine dernière, la nouvelle version du projet d’accord sur Boost était de nouveau rejetée en l’état par le SNPL Air France, qui demandait des clarifications avant d’organiser un nouveau référendum.  Un tract du syndicat samedi précise cependant : « In fine, c’est bien le vote des adhérents qui fera la décision », ajoutant qu’il avait envoyé « un signal extrêmement fort et révélateur de la volonté de construction du SNPL en décidant de ne plus lier Trust Together à la question des indispensables rattrapages de salaires ».  Le SNPL Air France demande à au président d’Air France Jean-Marc Janaillac de traiter le sujet des salaires « véritablement et sincèrement dès l’automne » et affirme avoir pris contact avec la direction « dans le but de finaliser ce projet de texte ». La démission du bureau exécutif du SNPL « national » sera effective le 8 juin, date d’un conseil du syndicat, soit huit jours après la date fixée par Air France pour signer le projet d’accord sur le lancement de Boost. Rappelons que le syndicat n’est pas impliqué directement dans les négociations sur la future filiale à coûts réduits du transporteur national, qui vise des coûts opérationnels inférieurs à ceux d’Air France de 15% à 18%. Boost s’adressera aux « millenials », et son activité correspondra à 10% de celle de la maison-mère : 70% des lignes long-courriers seront reprises à AF, avec promesse qu’il s’agit uniquement de celles déficitaires, (des « routes ultra-concurrentielles avec un mix vers l’Asie, face aux compagnies du Golfe »), et les 30% de nouvelles destinations. Quant au moyen-courrier, il visera comme aujourd’hui à alimenter le hub d’Air France qu’est l’aéroport de Paris-CDG. Le développement de la flotte de Boost, qui comprendra 18 avions sur le moyen-courrier et 10 pour le long-courrier à la mi-2021, a déjà été détaillé : elle débutera ses activités avec six Airbus A321.