La dernière expertise sur le vol AF447 d’Air France entre Rio de Janeiro et Paris, mettant en cause les pilotes, ne plait pas au syndicat SNPL qui refuse une vision simpliste de l’accident ayant entrainé la mort de 228 personnes en 2009.

Le Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL) explique dans un communiqué le 15 janvier 2018 avoir pris connaissance des premières conclusions provisoires du dernier rapport d’expertise ordonné par les juges, qui met en cause entre autres une « insuffisance d’entrainement de l’équipage au pilotage à haute altitude », « une absence de formation au travail en équipage » des deux copilotes et l’absence initiale du commandant de bord. Dans l’attente « d’une lecture et d’une analyse approfondies » de ce rapport provisoire, le syndicat majoritaire des pilotes de ligne indique qu’il « n’entend pas laisser s’imposer une vision simpliste où toute la responsabilité de cette tragédie serait portée par nos seuls collègues malheureusement disparus ».

Il ne faut « à l’évidence » pas réduire les causes de l’accident à un seul facteur, souligne le SNPL, les éléments contributifs à l’accident du vol AF447 étant à rechercher « plus largement dans la conception de l’avion et la logique de ses alarmes, dans les procédures édictées par le constructeur, dans le programme d’entraînement des pilotes et dans l’attitude de l’autorité de tutelle et de l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne (AESA) ». Tous ces facteurs sont d’ailleurs « pointés du doigt par le projet de rapport » qui souligne, par exemple, combien la conception de l’alarme de décrochage a été source de confusion pour l’équipage. Ces différents facteurs ont contribué pour le syndicat à « complexifier incroyablement la situation et à rendre l’hypothèse de la récupération du contrôle de l’appareil extrêmement hasardeuse ».

Le SNPL promet qu’il veillera à ce que « tous les différents éléments contributifs » soient bien pris en compte dans le rapport définitif, et continuera à avoir « un rôle actif » dans les enquêtes d’accident en leur apportant l’expertise des premiers acteurs concernés. Sa position « ne fléchira pas », ajoute-t-il : seule la considération de l’ensemble des causes d’une tragédie, sans se cantonner à un simplissime « c’est la faute des pilotes », permettra d’établir l’ensemble des responsabilités, préalable impératif à l’amélioration de la sécurité des vols. La présidente de l’association de victimes Entraide et solidarité AF447, Danièle Lamy, a de son côté déclaré : « nous ressentons la plus grande indignation, à la limite de l’écœurement », avant d’ajouter « avoir l’impression qu’Airbus est intouchable. C’est toujours la faute des pilotes qui ne sont pas là pour se défendre ».

L’expertise remise à la justice le 20 décembre dernier fait suite à la reprise du dossier en 2017 par les juges du pôle accident, la Cour d’appel de Paris ayant annulé en novembre 2015 une autre contre-expertise demandée par Airbus mais contestée par les parties civiles et par Air France. Cette dernière reste mise en examen pour homicide involontaire depuis 2011, deux ans après la disparition de l’A330-200 au milieu de l’Atlantique. Le rapport final du BEA avait lui décrit un enchainement de circonstances (givrage des sondes Pitot de l’Airbus, désactivation du pilote automatique, mauvaise manœuvre des pilotes entrainant un décrochage qu’ils ne reconnaissent pas) dans lequel chaque partie avait des responsabilités.