Dans un contexte de fortes tensions autour de son avenir institutionnel, Aerolíneas Argentinas engage un ambitieux plan de renouvellement et de modernisation de sa flotte, marqué par l’acquisition de 18 avions de dernière génération, tous financés sur fonds propres.
La compagnie aérienne argentine a officialisé fin novembre l’arrivée prochaine de 14 nouveaux Boeing 737 MAX et de 4 Airbus A330neo dans le cadre d’un vaste plan d’investissement. Le renouvellement porte principalement sur les monocouloirs Boeing 737 MAX (incluant huit en version MAX 10, quatre MAX 9 et deux MAX 8) dont les livraisons s’étaleront entre 2026 et 2029, ainsi que sur quatre Airbus A330neo destinés à renforcer l’offre long-courrier sur les destinations internationales stratégiques.
Ce choix du long-courrier remotorisé d’Airbus, jugé « naturel » par la direction, s’appuie sur la continuité de la flotte, Aerolíneas exploitant déjà 10 Airbus A330-200. « Les A330neo partagent de nombreux équipements, simulateurs et plateformes de formation avec notre flotte existante, ce qui simplifie la transition opérationnelle », explique la compagnie. Côté monocouloirs, Aerolineas Argentinas est déjà cliente de la famille 737 dont elle possède 47 exemplaires.
Un investissement inédit pour la compagnie argentine
L’opération est saluée comme un tournant : c’est la première fois dans l’histoire récente qu’Aerolíneas Argentinas finance une telle expansion sur ses fonds propres, sans apport de l’État argentin. Cette modernisation s’accompagne d’un profond réaménagement des cabines existantes et de l’installation du Wi-Fi à bord de l’ensemble de la flotte. Les nouveaux appareils acquis entreront via des contrats de location exploitation, privilégiant la flexibilité financière. « Nous démontrons ainsi que la compagnie dispose désormais de la capacité d’investir et de se projeter à long terme en s’appuyant sur ses propres ressources », souligne Fabián Lombardo, président d’Aerolíneas Argentinas. Les objectifs sont clairs : accroître la capacité globale en sièges, améliorer l’efficacité opérationnelle et consolider la rentabilité du réseau national et international.
Une privatisation qui reste en suspens
Cette démarche est inédite pour la compagnie nationale argentine, prise en étau entre regain de compétitivité, retour aux profits et incertitudes politiques autour de sa privatisation. Car cette annonce intervient alors que le gouvernement du président Javier Milei avait inscrit Aerolíneas Argentinas sur la liste des entreprises à privatiser. L’initiative a cependant été freinée au Parlement, où la majorité requise n’a pas été réunie pour approuver la vente de la compagnie nationale. Le projet reste d’actualité – et controversé – la gestion de l’entreprise ayant longtemps été épinglée pour son déficit, mais le retour à la rentabilité, attesté par un exercice 2024 clos sur un bénéfice de 56,6 millions de dollars (après un plan social portant sur 1 500 postes) offre un nouveau souffle à la compagnie alors que cela faisait 15 ans qu’elle additionnait les déficits. Entre 2008 et 2023, l’État a transféré près de 8 milliards de dollars à Aerolíneas Argentinas, utilisés principalement pour couvrir ses déficits récurrents. En moyenne, Aerolíneas a accumulé des pertes annuelles de 400 millions de dollars.
Aerolíneas Argentinas possède 83 appareils au sein de sa flotte passagers et cargo, incluant dix A330-200 donc, 35 737-700 et -800, 12 MAX 8 et 24 E190. Elle dessert aujourd’hui 37 destinations en Argentine et 22 routes internationales, principalement sur l’Amérique latine, les États-Unis et l’Europe. L’introduction des MAX 10, inédits pour la compagnie et encore en cours de certification, s’inscrit dans une stratégie de montée en capacité sur les lignes à forte demande, tout en poursuivant la rationalisation du parc en faveur de la performance environnementale et économique.

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