Alors que la rumeur circule toujours autour d’une éventuelle fermeture de la compagnie aérienne Joon, le syndicat de pilotes SNPL demanderait dans ce scénario le remboursement de 40 millions d’euros, au titre des efforts consentis pour lancer la filiale à coûts réduits d’Air France.

Cité par La Tribune le 3 décembre 2018, un pilote du syndicat majoritaire chez la compagnie nationale française explique qu’ils ont « donné 40 millions d’euros par an pour être dans les cockpits de Joon. Si Joon ferme, on ira récupérer cet investissement. Ce sera la position du SNPL quels que soient les résultats des élections ». Les pilotes de Joon sont ceux sous contrat Air France et peuvent voler sur l’une ou l’autre ; la baisse des coûts des pilotes de la filiale (15%, soit 40 millions d’euros économisés) a été obtenue par la mutualisation des efforts sur l’ensemble des pilotes AF, soit 1,5% par personne, notamment via la suppression d’un jour de repos.

Si Air France a démenti dans une lettre interne toute décision sur l’avenir de sa filiale lancée il y a un an, le CEO par intérim de la compagnie nationale française Benjamin Smith (qui est aussi directeur général du groupe Air France-KLM) n’a pas vraiment rassuré lors du Comité d’entreprise de vendredi dernier. Et en particulier les hôtesses de l’air et stewards, principaux vecteurs des économies de fonctionnement réalisées par Joon : eux ne viennent pas d’Air France mais ont été recrutés « aux conditions du marché », soit un coût inférieur de 40% à 45% à celui des PNC de la maison-mère. Des conditions ayant engendré un malaise dénoncé dès le mois d’aout puis de nouveau le mois dernier par les syndicats, qui évoquent de « nombreux arrêts maladie, les désertions de poste parfois ou encore les clauses fatigue évoquées en nombre pour une si jeune compagnie ». L’UNSA-PNC expliquait ce weekend que si Ben Smith « n’a pas démenti ne pas réfléchir au scénario de la fin de Joon, il a affirmé ne pas avoir pris de décision définitive. Il dit vouloir partager, dans une stricte confidentialité, avec les représentants du personnel Pilotes, PNC et Sol, ses réflexions sur ce point dans les semaines à venir ». Aucune date de réunion n’est fixée.

Rappelons que début octobre, Joon avait lancé une nouvelle campagne de recrutement de PNC, des sources syndicales parlant d’environ 150 postes pour 2019. Le réseau de la filiale compte désormais au départ de Paris-CDG quatorze destinations moyen-courrier et sept sur le long-courrier. Elle a transporté plus de deux millions de passagers depuis son lancement en septembre 2017, et devrait disposer en 2020 d’une flotte de 28 Airbus (18 A320/A321 et dix A340 et A350).

Si Joon ferme, le SNPL réclamera 40 millions d’euros 1 Air Journal