Le groupe IAG renonce à faire une offre pour la low cost Norwegian Air Shuttle, et va revendre les presque 4% du capital qu’il détient encore dans la compagnie aérienne norvégienne.

Neuf mois après être entré au capital de la spécialiste norvégienne du vol pas cher, le groupe chapeautant British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling et Level a annoncé le 24 janvier 2019 qu’il renonce à faire une offre. IAG va en outre revendre sa participation, réduite l’année dernière de 4,61% à 3,93% – ce qui a entrainé une chute de plus de 20% du cours de l’action de Norwegian. En avril dernier, le directeur financier d’IAG Enrique Dupuy de Lôme expliquait pourtant qu’il considérait la low cost comme « un placement attrayant », l’investissement minoritaire étant destiné à « établir une position à partir de laquelle engager des discussions avec Norwegian, y compris la possibilité d’une offre complète ». Quelques semaines plus tard, Norwegian annonçait avoir refusé deux offres distinctes de rachat en raison d’une sous-évaluation de sa valeur et de ses perspectives. Ce à quoi IAG avait répondu qu’il ne « lancera pas d’offre hostile » sur la low cost, la rumeur évoquant alors la préparation d’une nouvelle offre. Le groupe Lufthansa avait entre autres admis son intérêt en juillet dernier.

Les vues du groupe de l’alliance Oneworld sur la troisième low cost européenne derrière Ryanair et easyJet étaient compréhensibles, surtout sur le long-courrier avec l’ouverture par Norwegian de bases à Londres-Gatwick (concurrençant celle de la compagnie nationale britannique sur le très lucratif mais concurrentiel marché de l’Atlantique nord) mais aussi à Paris et Buenos Aires. Sur le moyen-courrier, l’acquisition de Norwegian aurait offert à IAG une forte présence en Scandinavie et dans les Baléares, mais aussi en Argentine (une des cibles d’Iberia) où la low cost a lancé une filiale.

L’annonce sans commentaire du groupe IAG ôte à la low cost un moyen de faire face à ses difficultés financières, même si elles se sont améliorées récemment après une année 2017 « catastrophique » selon son CEO Bjorn Kjos. Norwegian ploie toujours sous le coût d’une dette estimée à plus de 3 milliards d’euros, et avait lancé fin novembre un programme de réduction des coûts, #Focus 2019 (censé lui faire économiser 200 millions d’euros en 2019). Elle prévoit des modifications du réseau et des ajustements de capacité pour répondre à la baisse de la demande saisonnière, et vient d’officialiser la prochaine fermeture de cinq bases à Palma de Majorque, Ténériffe-Sud et Rome en Europe, ainsi qu’à Newburgh et Providence aux Etats-Unis.

Norwegian a pourtant battu un nouveau record de trafic l’année dernière, avec 37,344 millions de passagers (+13%), 35 nouvelles liaisons, la livraison de 25 nouveaux Boeing ; et elle était bénéficiaire sur les neuf premiers mois de l’année financière 2018. Mais le CEO de Norwegian Bjorn Kjos rappelait début janvier que « la rude concurrence, les prix élevés du pétrole et les défis opérationnels en 2018, combinés aux problèmes posés par les moteurs Rolls Royce qui ont particulièrement affecté les activités long-courriers », ont eu une incidence sur les résultats financiers au second semestre. Le transporteur norvégien avait perdu près de 31 millions d’euros en 2017, après un bénéfice net de 128 millions d’euros en 2016.

IAG ne fera pas d’offre pour Norwegian 1 Air Journal