Les Pays-Bas ont annoncé hier avoir atteint 14% du capital du groupe Air France-KLM et vouloir s’arrêter là, au niveau donc des parts détenues par la France. Certains voient dans cette prise de participation jugée « inamicale » par Bercy la main d’un autre actionnaire, Delta Air Lines, avec qui KLM pourrait s’allier et prendre le contrôle effectif de la holding.

L’action du groupe franco-néerlandais a encore perdu de 3,38% le 28 février 2018, après avoir chuté de 11,7% mercredi suite à l’annonce « sans concertation » de la prise de participation de 12,68% par l’Etat néerlandais. Les ministres des finances Bruno le Maire, qui évoque une « décision incompréhensible et inattendue », et Wopke Hoekstra doivent se rencontrer ce vendredi matin à Bercy, le président Emmanuel Macron ayant demandé à La Haye de « clarifier » ses intentions, l’important étant que « l’intérêt de la société est préservé ». L’argument avancé par les Néerlandais sur la préservation des intérêts de la compagnie nationale KLM peut être entendu, celle-ci réalisant 80% du bénéfice opérationnel du groupe quand Air France perd des centaines de millions d’euros dans les grèves. Mais celui en faveur de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol est beaucoup plus contestable, la plateforme arrivant à saturation et Bruno Le Maire expliquant qu’un protocole d’accord sur sa « préservation » avait été négocié par le groupe « avec les autorités néerlandaises », et était prêt à être signé mardi ; « il va être mis de côté », a déclaré le ministre français.

On en sait un peu plus sur la façon dont La Haye a réussi à acheter « en douce » depuis la semaine dernière 744 millions d’euros d’actions : parmi les vendeurs figure le fonds d’investissement américain Capital Group, passé de 6,1% du capital en juin dernier à quasiment rien aujourd’hui. Ce qui pousse probablement les rumeurs d’une possible entente entre KLM et Delta Air Lines (8,78% du capital, comme China Eastern Airlines) pour à terme mettre fin à la suprématie des Français sur les droits de vote au Conseil d’Administration d’Air France-KLM. Avec 14,3% du capital, la France jouit de 22,7% des droits de vote exerçables ; ce niveau devrait théoriquement être atteint dans deux ans par les Pays-Bas, tandis qu’en septembre prochain les doits de vote de Delta seront eux aussi doublés. Leur alliance permettrait donc une prise de contrôle aux dépens de la France. Mais des analystes interrogés par La Tribune prévoient plutôt pour la compagnie américaine un rôle d’arbitre entre Paris et La Haye, sans pour autant y trouver un effet positif la gestion pour Air France-KLM.

– Etat français : 14,3% des actions

– Etat néerlandais : 14%

– Delta Air Lines : 8,8%

– China Eastern Airlines : 8,8%

– Salariés du groupe : 3,9%

– Autocontrôle (actions détenues par le groupe) : 0,3%

– Autres actionnaires dont avant l’opération Natixis, DCNA, : 49,9%

Air France-KLM : et maintenant, le complot ! 1 Air Journal