Boeing a beau avoir repoussé à 2020 sa décision sur le lancement du NMA (New Model Aircraft) destiné à remplacer ses 757 et 767, la société de leasing Air Lease Corp (ALC) croit savoir que c’est « en avant toute » pour le programme. Delta Air Lines se dit « très intéressée » pour le remplacement de 200 de ses avions, contrairement à Qatar Airways.

Le report à l’année prochaine de toute décision concernant le nouvel avion dédié au MoM (middle of market), attendu en 2025, n’inquiète pas le président d’ALC Steven Udvar-Hazy : il dit avoir reçu « des signaux indiquant en avant toute » de Boeing, et s’attendre à ce que deux appareils soient finalement lancés afin de répondre à deux demandes différentes. Certaines compagnies aériennes veulent un très long rayon d’action quand d’autres ne pensent qu’au coût par siège au kilomètres. Des clients potentiels en particulier en Asie « sont moins intéressées par le rayon d’action que par une version plus capacitaire, offrant les performances économiques les plus optimales », a déclaré le dirigeant dans Flightglobal. Il souligne toutefois que le programme NMA « est une entreprise gigantesque », qui impliquera de nouvelles façons de produire des avions. Boeing « sait qu’il a encore beaucoup de travail à faire. Avec les cicatrices laissées par le programme 787 – dépassements de coûts, retards, problèmes de sous-traitants, partenaires -, ils adoptent une approche réfléchie ».

De son côté Ed Bastian, CEO de Delta Air Lines, a confirmé lors de la même conférence d’investisseurs l’intérêt du transporteur américain pour le NMA : « Boeing n’a pas encore décidé s’il allait lancer cet avion – nous espérons qu’ils le feront », a-t-il déclaré. Sa flotte de plus de 200 avions concernés par le MoM (dont 111 757-200 et près de 60 767-300ER) a besoin de remplaçants, même si elle a déjà commandé 35 A330neo (qu’Airbus présente avec les A321LR comme idéaux pour ce marché). On notera à ce sujet que le patron d’ALC a souligné qu’il allait aussi rencontrer le constructeur européen cette semaine.

En revanche Akbar al Baker a été très clair lors de l’inauguration du salon ITB hier : Qatar Airways « n’est pas intéressée » par le NMA, même si la compagnie basée à Doha se préparerait à annoncer de grosses commandes lors du prochain Salon du Bourget – pour sa branche dédiée à la location d’avions (utilisée par exemple pour Air Italy). 2023 verra pourtant la compagnie qatarie commencer à sortir de sa flotte les dix A380 actuellement en service, et elle a commandé 60 Boeing 777X en plus de 60 Dreamliner dont la moitié sont entrés en service. Mais sa flotte moyen-courrier est composée de 43 Airbus A319, A320 et A321, avec 50 A321neo (dont dix en version LR) en attente de livraison à partir de cette année.

Rappelons que le NMA devrait accueillir 200 à 270 passagers, et avoir un rayon d’action de 7400 à 9300km. Le PDG de Boeing Avion Commerciaux Dennis Muilenburg expliquait en janvier qu’aucune décision n’avait été prise quant à la possibilité d’offrir provisoirement l’avion aux compagnies aériennes afin de tester la demande, mais que si cela se produisait, « cela se produirait cette année, suivi d’une décision sur le lancement du processus industriel ». Ensuite, « en fonction de la réaction du marché et de notre capacité à constituer le bon groupe de clients de lancement, nous aboutirons à un lancement officiel, ou à une autorisation de décision, l’année prochaine », a-t-il précisé.

Boeing NMA : en route selon ALC, voulu par Delta mais pas par Qatar Airways 1 Air Journal