Le syndicat de pilotes SNPL demande à ce que tous les protagonistes dans l’accident du vol Air France AF447 entre Rio de Janeiro et Paris, qui avait fait 228 victimes il y a dix ans, soient renvoyés en correctionnelle. Les familles des victimes craignent de leur côté que ce procès n’ait jamais lieu.

Commémoré le 1er juin 2019, le crash de l’Airbus A330-200 de la compagnie nationale française attend toujours une décision du parquet de Paris, les juges d’instruction du pôle accidents collectifs ayant terminé l’enquête judiciaire en février dernier. Air France et Airbus sont mis en examen pour « homicides involontaires », et le parquet doit prendre ses réquisitions, les juges devant ensuite ordonner soit un renvoi en correctionnelle ou un non-lieu pour l’une ou les deux sociétés. Ce procès « est attendu avec impatience » par le SNPL qui explique dans un communiqué que si l’enquête technique « a permis d’aboutir très rapidement à la mise en œuvre de correctifs techniques » (changement des sondes Pitot notamment) et de « nouvelles procédures pour les équipages » (formation des pilotes), les conclusions successives des différents rapports d’experts « ont suscité de nombreuses incompréhensions au sein de notre profession et des parties civiles ». Pour le vice-président du syndicat Vincent Gilles, il importe que « toute la vérité soit faite sur les circonstances de l’accident et que toutes les responsabilités soient mises en lumière par les juges. Pour ce faire, il nous apparaît indispensable que tous les protagonistes du dossier, sans exception, soient renvoyés devant le Tribunal correctionnel ».

En ce « triste anniversaire », le SNPL « tient à s’associer au chagrin des familles des victimes tout particulièrement à celles de nos collègues navigants disparus qui peinent, aujourd’hui encore, à faire leur deuil face à la multiplication des rapports d’expertise et de contre-expertise ». Le dernier, rendu public en janvier 2018, avait accusé les pilotes. Samedi, Danièle Lamy, présidente de l’association de proches de victimes Entraide et solidarité AF447 (qui avait perdu un fils dans l’accident), déclarait sur FranceInfo espérer la tenue d’un procès pour « qu’aucun autre accident de ce type n’intervienne ». Et elle demandait : « si Airbus et Air-France se sentent assurés de leur non-responsabilité, pourquoi craignent-ils tant de venir s’expliquer à la barre d’un tribunal ? »

Le rapport du BEA en 2012 a mis en cause le givrage en vol de sondes Pitot, des alarmes intempestives et un affichage des vitesses erroné qui ont désorienté les pilotes jusqu’au décrochage de l’appareil, mais aussi des erreurs de pilotage. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses avait alors émis 41 recommandations, dont huit sur le manque de formation des pilotes. Le crash du vol AF447 reste le plus grave dans l’histoire d’Air France, et le plus grave subi par un Airbus A330.

Crash du Rio-Paris : le SNPL veut tout le monde en procès 1 Air Journal