Boeing a annoncé hier une perte nette de 2,9 milliards de dollars et une baisse de 35% de son chiffre d’affaires au 2eme trimestre, des résultats directement liés à la crise du 737 MAX. L’arrêt de la production des monocouloirs n’est plus un tabou, tandis que le premier vol du 777X est reporté à l’année prochaine en raison des problèmes rencontrés par les moteurs de General Electric.

Le plus mauvais résultat trimestriel de l’histoire de l’avionneur américain était prévu, après la charge exceptionnelle dévoilée la semaine dernière. Le chiffre d’affaires du groupe a reculé de 35% à 15,75 milliards de dollars suite à l’arrêt en mars dernier des livraisons des 737 MAX, résultant en une perte nette de 2,9 milliards de dollars (alors qu’au même trimestre l’année dernière, Boeing affichait un bénéfice net de 2,2 milliards). Des chiffres qui reflètent d’une part la charge annoncée précédemment (qui réduit le chiffre d’affaires de 5,6 milliards de dollars et le bénéfice par action de 8,74 dollars) et, d’autre part, la baisse des livraisons des 737, « partiellement compensée par une augmentation du volume d’activité des divisions Défense et Services ». A elle seule, la division Avions Commerciaux a enregistré une perte d’exploitation de 4,9 milliards de dollars (+1,8 milliard pour la même période en 2018), et les revenus ont reculé de 66% à 4,7 milliards de dollars (90 avions remis aux compagnies aériennes). On rappellera au passage que la charge exceptionnelle ne comprend ni les possibles indemnisations aux familles des victimes des crashes de Lion Air et Ethiopian Airlines (346 morts en cinq mois), ni les possibles amendes des autorités américaines à propos du développement du 737 MAX.

Boeing précise dans son communiqué du 24 juillet 2019 qu’il a versé 1,2 milliard de dollars en dividendes ; son carnet de commandes total a une valeur estimée à 474 milliards de dollars, et compte plus de 5500 avions commerciaux. « Boeing traverse une période charnière de son histoire et nous restons pleinement focalisés sur le respect de nos valeurs fondamentales que sont la sécurité, la qualité et l’intégrité dans tout ce que nous faisons et entreprenons pour remettre le 737 MAX en service en toute sécurité », a déclaré Dennis Muilenburg, PDG de Boeing. « Au cours de cette période difficile, les équipes opérationnelles à tous les niveaux du Groupe continuent de travailler d’arrache-pied pour honorer nos engagements et saisir de nouvelles opportunités en nous appuyant sur de solides fondamentaux à long terme ».

Mais le dirigeant a aussi évoqué lors de son entretien avec les analystes la possibilité de ralentir encore plus, voire arrêter temporairement les lignes d’assemblage des 737 MAX (42 sont produits chaque mois, mais aucun n’est livré) en cas de report prolongé du retour dans les airs des monocouloirs remotorisés. La position officielle reste celle d’une certification au quatrième trimestre, mais « en raison des incertitudes qui entourent le calendrier et les conditions de remise en service de la flotte de 737 MAX », Boeing a remis à plus tard la publication de nouvelles prévisions. En attendant, il continue de « collaborer étroitement » avec la FAA « au processus mis en place pour certifier la mise à jour du logiciel utilisé sur les avions 737 MAX et procéder à la remise en service de ces appareils en toute sécurité ».

Selon le PDG, « certains organismes de réglementation » pourraient demander aux pilotes de suivre une formation complète sur simulateur 737 MAX, ce qui reporterait d’autant le retour des avions dans les airs vu le nombre limité de simulateurs dédiés : « certaines compagnies aériennes utiliseront la formation sur simulateur dans le cadre de leur formation périodique. Certaines voudront peut-être suivre une formation avant de remettre complètement la flotte en service », a-t-il déclaré.

Et comme si cela ne suffisait pas, Boeing a officialisé hier le report à l’année prochaine du vol inaugural du 777X, en raison des problèmes rencontrés par General Electric avec son moteur GE9X. Le motoriste avait déjà confirmé le mois dernier que ce vol inaugural prévu en juin n’aurait probablement pas lieu avant la fin de l’année, après avoir constaté l’usure prématurée d’un stator situé à l’avant du compresseur du GE9X à l’issue d’un essai d’endurance. Boeing maintient toutefois son objectif de livraisons à partir de 2020, ce que de nombreux analystes mettent en doute ; pour compenser le retard, il compte produire l’année prochaine plus de 777F.

Quant au NMA, le futur avion complètement neuf qui devrait occuper le MoM (middle of market), son développement est devenu « secondaire » par rapport au 737 MAX : « Nous continuons à avoir une équipe dédiée qui travaille sur le NMA (…) mais en termes de priorités réelles, il est clair que notre priorité numéro un est de remettre le 737 MAX en service en toute sécurité », a souligné Dennis Muilenburg. Boeing investit « de manière significative » dans l’amélioration des performances des programmes de développement, a-t-il ajouté, et « notre confiance dans ces nouveaux outils et notre capacité à les appliquer à grande échelle dans un programme de développement feront partie du processus de décision ».

Boeing : perte historique, 737 et 777X 1 Air Journal

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