Le Syndicat National du Personnel Navigant Commercial (SNPNC-FO) a décidé de se prononcer contre la privatisation des aéroports d’ADP. Et demande à l’ensemble des
hôtesses de l’air et stewards français de soutenir la proposition de loi visant à affirmer le
caractère de service public national de l’exploitation des plateformes parisiennes, dans le cadre du Référendum d’Initiative Partagée (RIP).

Le syndicat de PNC explique dans un communiqué du 31 juillet 2019 avoir la conviction qu’une privatisation « n’est bonne ni pour le secteur du transport aérien français et ses salariés, ni pour les citoyens français, ni pour les clients des Compagnies aériennes ». Selon le SNPNC-FO, les aéroports constituent des « monopoles naturels qui doivent le rester » aussi bien pour des raisons stratégiques (le contrôle de ses frontières est un des rôles stratégiques de l’État), que d’intérêt général en raison du poids des infrastructures aéroportuaires dans l’aménagement du territoire. Ensuite, les conséquences pour le secteur du transport aérien d’une telle mesure sont « plus qu’inquiétantes », estime le syndicat : alors qu’une taxe supplémentaire (écotaxe) vient se répercuter sur les compagnies aériennes, « rappelons-nous que le Rapport Le Roux déposé en novembre 2014 proposait notamment la modification de l’affectation des redevances d’Aéroports de Paris ». Aujourd’hui ADP ne finance ses activités aéroportuaires et ses infrastructures que par les seules redevances (principe de la « double caisse ») ; le rapport préconisait d’y ajouter les recettes tirées de ses activités commerciales annexes (boutiques, parkings, bureaux…). Si le Rapport « a connu un « classement vertical », nous considérons que cette mesure demeure d’actualité, alors que la privatisation d’ADP revient à valider définitivement la double caisse », explique le syndicat.

Par ailleurs, le choix de la forme juridique de la privatisation pose problème au SNPNC-FO : une concession de 70 ans « va rendre très compliquée toute renégociation des Pouvoirs publics avec le concessionnaire installé ». Comment à ce propos ne pas évoquer la privatisation des autoroutes « où l’État a systématiquement été perdant dans ses négociations avec le repreneur », demande le syndicat, qui rappelle au passage la récente privatisation de l’aéroport de Toulouse « marquée par la défaillance de l’acquéreur chinois ». Pour les clients ? Outre que la privatisation précitée des autoroutes « n’a pas entraîné une baisse du coût des péages, bien au contraire, les Pouvoirs publics n’ayant en la matière rien maîtrisé », le syndicat estime qu’on peut « légitimement exprimer des inquiétudes en termes de maintien de la qualité des services et de leur diversité, les activités les plus rentables risquant d’être privilégiées ». Toutes ces raisons ont donc décidé le SNPNC à se positionner dans un débat « qui concerne notre métier et nos emplois », et donc à inviter les hôtesses et stewards français à soutenir la démarche de RIP, à laquelle ils peuvent apposer leur signature jusqu’en mars 2020.

Rappelons que le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL France ALPA) et FO Aérien ont déjà affiché par mi d’autres leur opposition de principe à la privatisation d’ADP. Les initiateurs du RIP, 248 parlementaires de tous bords, ont jusqu’à mars prochain pour recueillir l’approbation d’au moins 10% du corps électoral, soit plus de 4,7 millions de signatures. Si le seuil des 10% du corps électoral est atteint en faveur de l’arrêt de la privatisation, le Parlement aura six mois pour examiner la proposition de loi qui sera soumise à référendum par les initiateurs du RIP. Le président de la République devra ensuite organiser ce référendum – sans délai fixé. De quoi reporter toute décision sur l’avenir d’ADP aux calendes grecques.

Votée en avril, la loi Pacte incluait la privatisation du gestionnaire des aéroports de Paris-CDG et Orly, avec selon le gouvernement un choix simple : prendre environ 9,5 milliards d’euros tout de suite (valeur estimée des 50,6% du capital détenus par l’Etat), ou espérer continuer de recevoir des dividendes annuels (174 millions d’euros en 2018, en hausse proportionnellement à un résultat net qui a doublé en cinq ans). L’argent récolté par la privatisation d’ADP serait placé en obligations d’Etat, dont les dividendes rapporteraient 250 millions d’euros chaque année qui seront versés au Fonds pour l’innovation et l’industrie.

Privatisation d’ADP : le SNPNC en campagne pour le RIP 1 Air Journal

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