Boeing aurait retrouvé des débris divers (FOD) dans les deux tiers des appareils inspectés parmi la flotte de 737 MAX produits depuis la fin mars dernier. Il a mis à pied trois employés ayant travaillé avec son pilote en chef Mark Forkner, désormais suspecté d’avoir menti à la FAA sur le logiciel anti-décrochage MCAS. Au Panama, Copa Airlines a reporté le remplacement de sa flotte d’Embraer à la fin 2021, faute de savoir quand ses MAX reprendront du service.
Dévoilée la semaine dernière, la présence de FOD (foreign object debris) dans les réservoirs des monocouloirs remotorisées serait beaucoup plus importante que prévue : l’enquête lancée par Boeing aurait trouvé des outils, chiffons, débris métalliques et autres couvre-bottes dans environ deux-tiers des avions inspectés, soit une cinquantaine vendredi parmi les 400 737 MAX produits mais non livrés depuis mars dernier et l’immobilisation au sol de tous les monocouloirs remotorisés, suite aux deux crashes qui ont fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines. Un total révélé après l’inspection lancée par Boeing, suite à la première découverte, qualifiée d’« absolument inacceptable » par le directeur du programme 737 et de la FAL de Renton Mark Jenks. Le dirigeant avait alors annoncé de nouvelles mesures pour éviter que cela se reproduise, incluant une « nouvelle signalisation ajoutée dans ces zones de travail pour aider à rappeler aux coéquipiers les mesures appropriées à prendre ».
Chez les compagnies aériennes, la low cost Southwest Airlines a déclaré qu’elle avait déjà prévu d’inspecter les réservoirs des 34 avions MAX qu’elle exploitait avant leur immobilisation au sol. Un porte-parole d’American Airlines (24 MAX 8 livrés) a expliqué que la compagnie effectuait ses propres inspections avant et après la réception de nouveaux avions, mais que des vérifications supplémentaires seront mises en place – tout comme chez United Airlines (14 MAX 9 livrés). D’autre part, les inspecteurs de la FAA « vérifieront chaque MAX individuellement » pour l’entretien requis et l’état de préparation « approprié » avant de permettre aux MAX de transporter des passagers.
Rappelons que ce problème de contrôle qualité, déjà constaté dans d’autres programmes de Boeing (ravitailleur KC-46A ou 787 Dreamliner à North Charleston), n’a rien à voir avec ceux du logiciel anti-décrochage MCAS, impliqué dans les deux accidents. Il ne devrait donc pas avoir d’incidence sur la certification et le retour dans les airs du 737 MAX.
Le MCAS continue en revanche à faire des victimes dans le personnel : dans le cadre d’une enquête criminelle, un grand jury fédéral examine les déclarations de Mark Forkner, ex-chef pilote de Boeing : il est soupçonné d’avoir menti à la FAA à propos de du logiciel anti-décrochage. Trois employés qui travaillaient à ses côtés ont été mis à pied la semaine dernière selon l’agence Bloomberg, le New York Times précisant que plusieurs salariés sont déjà passés devant le grand jury en question. Le ministère de la Justice n’a pas commenté les informations, tandis que Boeing « collabore avec l’enquête » judiciaire selon son porte-parole. Rappelons que Mark Forknet s’était illustré en 2016 dans des messages demandant à la FAA de ne pas faire mention du MCAS dans le manuel (requête qui sera acceptée) tout en dénonçant son inefficacité en simulateur…
L’immobilisation continue des monocouloirs remotorisés a des conséquences chez Copa Airlines, qui avait reçu six des 66 MAX 8, MAX 9 et MAX 10 commandés : basée à l’aéroport de Panama-Tocumen, elle a déclaré avoir reporté de six mois à la fin 2021 la fin du remplacement de sa flotte de 14 Embraer 190. Son directeur commercial Jose Monteiro prévoyait initialement que tous seraient sortis de flotte avant l’été 2021, les Embraer devant être remplacés justement par des MAX. Copa Airlines ne prévoit pour l’instant leur retour dans les airs qu’à partir de la fin aout au plus tôt.
"I love building things so this job is a perfect fit for me… If you love something, do it. Keep doing it." – Soley, Interiors team lead, 787 #Dreamliner. pic.twitter.com/8PkkKatP4r
— Boeing in Washington (@BoeingWA) February 22, 2020
pierrepano a commenté :
24 février 2020 - 10 h 12 min
On rajoute une couche supplémentaire à l’irresponsabilité de l’avionneur !
Ça devient de plus en plus minable !
Bencello a commenté :
24 février 2020 - 10 h 18 min
On voit poindre la défense de Boeing par la désignation du lampiste de l’affaire : Mr Forkner, qui bien sûr a fait cela de sa propre initiative.
Bien évidemment, le management de Boeing n’a JAMAIS poussé dans le sens d’une certification commune NG/MAX…
C’est probablement Mr Forkner qui a sournoisement incité ses collègues à “abandonner” toutes sortes d’objet dans les réservoirs…
Ret a commenté :
24 février 2020 - 11 h 15 min
Des chiffons !? Des outils !?
C’est purement du sabotage à ce niveau là
Bencello a commenté :
24 février 2020 - 13 h 19 min
+1
Cependant, des processus qualité dignes de ce nom permettent d’identifier quasiment instantanément ces manquements: inventaires outillage, pesée des entrants, identification opérateurs…C’est plus long, plus cher, mais cela évite ce genre de comportements.
Cela prouve encore une fois la légèreté du management chez le constructeur américain.
Il faut... a commenté :
24 février 2020 - 11 h 32 min
Et dire que certains traitent l A380 de bouse …
Que dire alors du 737 max ???
C est quand même incroyable qu un constructeur aussi renommé soit tombé aussi bas.
Il y avait pourtant eu l avertissement du fireliner ou BBQ volant pour les intimes.
Soyons optimiste, le 777X sera un très bon avion.
Sylvain a commenté :
24 février 2020 - 14 h 05 min
Bencello +1
C’est beaucoup mieux d’accuser une brebis galeuse qu’une entreprise entière !
PIERRE a commenté :
24 février 2020 - 15 h 22 min
Bonjour. Suis nouveau sur le site. Passioné d’avions et plus généralement d’aviation, je ne peux rester muet sur l’article. Une phrase, une simple phrase me fait bondir, sitant M. Forknet :
“Rappelons que Mark Forknet s’était illustré en 2016 dans des messages demandant à la FAA de ne pas faire mention du MCAS dans le manuel (requête qui sera acceptée) tout en dénonçant son inefficacité en simulateur…”
A partir de là, il me paraît évident qu’on peut parler de préméditation. Comment un tel cadre d’une telle entrprise peut faire preuve d’autant de laisser aller. Il a devant le yeux la preuve de l’inéfficacité d’un systrème abscond, inconnu des pilote, voire carrément caché. Et il laisse voler un avion déjà plus que viellissant, affublé d’un engin de mort. La FAA, entreprise quasi mafieuse, a laissé toute latitude à des gens tels que ce soit-disant pilote pour créér la plus honteuse histoire que l’aviation a connue.
greg765 a commenté :
24 février 2020 - 15 h 57 min
Après la ligne de défense qui semble être employée par Mark Fokner, si je ne me trompe, (et il bénéficie de la présomption d’innocence) c’est que le MCAS fonctionnait mal dans le simulateur. Il n’a jamais dit à priori qu’il y-avait un problème sur l’avion. Donc on peut comprendre ses propos comme “il faut travailler sur le simulateur” et non pas comme “le système MCAS en général fonctionne mal”.
Bref ça reste à clarifier !
Shôgun a commenté :
25 février 2020 - 5 h 59 min
C’est déjà très clair.
Si le MCAS avait un comportement foireux en simulateur, c’est qu’il était foireux dans un avion réel.
Ou alors, il fallait revoir le simulateur, parce qu’un simulateur qui ne se comporte pas comme un avion, ça ne sert strictement à rien, sauf à jouer.
Bref, Boeing a fraudé grossièrement en sacrifiant la sécurité au profit d’une certification bâclée pour accélérer la commercialisation de son avion raté.
Après, jeter toute la responsabilité de cette fraude sur le seul Mark Forknet, ce serait un peu trop facile, comme il a été fort justement dit plus haut par Bencello.
Max1 a commenté :
24 février 2020 - 16 h 46 min
@PIERRE
– bonjour
– vous écrivez être nouveau et passionné d aviation et déjà vous désavouez et prenez position billes en têtes ( systèmes MCAS associé au PHR du 37 ) . 37 plus que vieillissant ! Wow .
@MAX1 a commenté :
25 février 2020 - 6 h 04 min
PIERRE est au moins aussi légitime que vous pour s’exprimer, d’autant plus que son intervention est bien plus argumentée que toutes les vôtres réunies.
Abd a commenté :
24 février 2020 - 15 h 55 min
Absolument je pense que certains employés sabote les avions de l’entreprise boeing doit mettre un gros coup de balai sanctionné, voir licencier parce ça devient du n’importent quoi là
P40A a commenté :
24 février 2020 - 22 h 17 min
@MAX1
On peut être passionné d’aviation et constater que la structure du 737 n’est pas de première jeunesse. D’où le MCAS d’ailleurs. Je ne comprends pas comment on peut prétendre le contraire.
Cessez de défendre Boeing à la moindre occasion, vous allez finir par faire un ulcère.
EtAieDon a commenté :
28 février 2020 - 22 h 52 min
Pas forcément du sabotage. Imaginons une usine ou on recourt à des intérimaires à bas salaires qui n’ont pas forcément bossé en aéronautique, dans une ambiance de baisse de production avec crainte de licenciements massifs, qu’on presse d’aller plus vite, et à qui on n’a expliqué le boulot que très sommairement … Renton, usine dont la qualité médiocre a déjà été pointée plusieurs fois ici, pouvait ressembler à ça ces derniers mois.
poseidon a commenté :
25 février 2020 - 9 h 18 min
non les employés sabotent pas leur boulot..
ya juste aucun controle c’est tout..
n’oubliez pas c’est de la grande série!
50 avions sortaient par mois.
boeing est rentré dans une routine dangereuse.
j’ai bien peur que les FOD c’est aussi sur d’autres avions que le max!!
sinon en revenant aux companies qui ont des max..
genre une dizaine cloué au sol et d’&autres en commandes!!
elle sont pas préssées désormais de recevoir les autres..
et retardent les vols de ceux livrés!
le coronavirus tombe bien..
parce que on a bien compris que le marché mondial va prendre une sacré claque..
surtout les companies asiatiques..
mais aussi les européennes et américaines c ‘est bien 10% de vols.. perdus!
tout cet été!
çà m’étonnerrais pas qu’on voit des avions LC faire du moyen courrier cet été..
au usa!!
GVA1112 a commenté :
25 février 2020 - 10 h 15 min
Nous avons toujours vu des LC faire du moyens courriers, pas uniquement dans un but de formation.
C’est aussi pour faire voler un maximum de temps ces avions entre deux vols LC
Dakota a commenté :
25 février 2020 - 11 h 02 min
Exemple de LC sur courte distance : vol de SQ avec un 359 entre KUL et SIN : 350 kilomètres… Qui dit mieux ?
vincent a commenté :
25 février 2020 - 16 h 17 min
FOD c’est foreign object damage et non foreign object débris
Bsb a commenté :
25 février 2020 - 16 h 28 min
Dakota , on a bien Air Belgium qui nous fait un FDF-PTP en A340-300 avant de repartir vers la Belgique.
Moins de 200km le FDF-PTP
Wrangel a commenté :
26 février 2020 - 14 h 14 min
Bonjour à tous
Afin de produire des avions plus rapidement et de diminuer leurs stocks, Airbus et Boeing se sont inspiré des constructeurs automobiles et du juste à temps. Pour information, une usine comme celle de Nissan à Newcastle upon Tyne a produit plus de 500’000 voitures en 2016 (https://en.wikipedia.org/wiki/Nissan_Motor_Manufacturing_UK), est-ce pour autant que nous trouvons dans les véhicules de Nissan ou ceux de Renault, Mercedes et autres des chiffons, des outils, etc. ?
Soit il s’agit de laisser-allers proches d’actions criminelles, soit de sabotages. Il m’est arrivé une fois de rencontrer un cas où l’objet en question ne pouvait pas ” être tombé par hasard “, un chiffon attaché dans un objet volant!
Laissons Boeing, la FAA, voire la justice prendre le temps qu’il faudra avant de statuer.
Quoi qu’il en soit, je pense que les pendules ont plus que besoin d’être remises à l’heure chez Boeing.
Belle journée à l’heure où le coronavirus vient frapper aux portes des appareils.
poseidon a commenté :
27 février 2020 - 10 h 43 min
éviter de citer nissan ou renault..
nissan s’est fait attrapper au japon pour avoir utilisé des aciers qui respectaient pas le cahier des charges…
toujours le cout..
faire du low cost..
quand à renault le client essuie les platres ; les renault des années 2000
sont bourrées de soucis..en sav.
un par l’utilisation de pieces low cost.
eh oui carlos goshn c’était le cost killer..
2 le montage.. étrangement c’est la loterie..
des séries sont pas touchées pour le meme modéle..
renault le paye aujourd’hui.
l’age moyen des caisses en circulation c’est 10 ans.
peugeot lui est monté en gamme a souffert les années 2010 face à renault
mais aujourd’hui gagne de l’argent..et va donner 4000 euros à son pzersonnel.
pendant que renault en perd et doit brader ses modéles.voir fermer des usines.
pour boeing je crois que c’est un peu pareil..
ils ont trop tiré sur la qualité..
et aussi sur le montage..
le controle qualité est insuffisant..
et aujourd’hui le max est sous surveillance..
bref tout va se savoir..
jusqu’à la moindre vis non comforme au cahier des charges..
Serge92 a commenté :
29 février 2020 - 12 h 45 min
Bonjour,
Pas besoin d’avoir fait polytechnique pour émettre des hypothèses…
C’est une tendance lourde dans les entreprises : En faire toujours plus avec moins de temps et moins de moyens, en marquant à la culotte les employés avec des tableaux de bords qui se soucient avant tout de rentabilité et non de sécurité… Ce genre de management uniquement orienté rentabilité mène generalement à des situations dégradées qui peuvent finir en catastrophe, surtout dans des domaines comme la construction aéronautique…
L’avidité et le goût du lucre ne font pas bon ménage avec la qualité…