Embraer a réagi vertement au renoncement par Boeing à leur future coentreprise dans l’aviation civile, l’accusant de rupture de contrat. Un Dreamlifter a transporté 1,5 million de masques entre Hong Kong à la Caroline du Sud dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, avant de reprendre les livraisons ordinaires d’éléments de 787.

Accusé par le constructeur américain de ne pas avoir « satisfait aux conditions nécessaires », Embraer n’entend pas servir de bouc émissaire à l’annulation du projet. L’avionneur brésilien « croit fermement que Boeing a résilié à tort le MTA (l’accord), qu’il a fabriqué de fausses déclarations comme prétexte pour chercher à éviter ses engagements de conclure la transaction et de payer à Embraer le prix d’achat de 4,2 milliards de dollars », indique un communiqué. Boeing s’est selon Embraer lancé dans « un schéma systématique de retards et de violations répétées du MTA, en raison de sa réticence à conclure la transaction à la lumière de sa propre situation financière, du 737 MAX et d’autres problèmes commerciaux et de réputation ». L’ensemble du groupe Embraer avec toutes ses divisions ne vaut plus que 1,07 milliard en bourse.

L’avionneur brésilien affirme qu’il a « pleinement respecté » toutes ses obligations au titre de l’accord, et a rempli toutes les conditions qui devaient être remplies avant la date limite du 24 avril 2020. Embraer garantit qu’il poursuivra « tous les recours contre Boeing pour les dommages résultant de la résiliation abusive », rappelant que depuis plus de 50 ans, son histoire est « bordée de nombreuses victoires mais aussi de moments difficiles. Tous ont été vaincus. Et c’est exactement ce que nous allons refaire ».

Embraer avait investi beaucoup au cours des derniers mois dans la mise en œuvre de la fusion. Le personnel de sa base à São José dos Campos a travaillé pour séparer les secteurs des avions d’affaires et militaires du secteur des avions civils. En juillet 2018, Boeing avait convenu de racheter 80% de la division d’aéronautique civile d’Embraer, le dernier feu vert (du régulateur brésilien) ayant été obtenu en janvier dernier.

Après qu’Airbus a pris le contrôle en 2017 de la division CSeries du canadien Bombardier (rebaptisée A220), ce rapprochement américano-brésilien s’expliquait par la volonté des deux géants de l’aéronautique d’étendre leurs activités aux appareils de lignes régionaux (de 100 à 150 places), afin de dégager de nouveaux revenus sur ce marché et de trouver des moyens de réduire leurs coûts de conception et de fabrication.

Côté pandémie, un Dreamlifter (747-400 converti pour le transport de pièces d’avion) a effectué « une autre mission de transport COVID-19 » pour rapporter des équipements de protection individuelle (EPI) depuis Hong Kong vers Greenville, en Caroline du Sud : 1,5 millions de masques destinés aux professionnels de la santé étaient rangés sur son pont inférieur, destinés à Prisma Health, le plus grand système de santé de l’Etat. Le vol était affrété par Atlas Air Worldwide en partenariat avec le fondateur de Discommon (l’importateur officiel), Neil Ferrier ; Boeing souligne dans un communiqué avoir « fait don du coût du transport de la mission ». Le Dreamlifter va maintenant retourner à North Charleston et reprendre sa mission habituelle, transporter des éléments des 787 Dreamliner vers la FAL. D’autres missions de transport aérien avec le Dreamlifter et l’ecoDemonstrator sont prévues à l’avenir, ajoute Boeing.

Boeing : réponse d’Embraer et masques en Dreamlifter 1 Air Journal

©Scott Wright