Les compagnies aériennes américaines seront les premières à remettre en service le Boeing 737 MAX, après la levée par la FAA de leur interdiction de vol – imposée il y a 20 mois suite aux deux accidents ayant fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines. Pour le reste du monde, il faudra attendre la décision des régulateurs.

Annoncée le 18 novembre 2020, la levée de l’interdiction de vol aux Etats-Unis des monocouloirs remotorisés ne change rien dans l’immédiat, des semaines de modifications des système, de remise en état et de formation des pilotes étant nécessaires. 371 Boeing MAX 8 et MAX 9 étaient entrés en service en mars 2019 avant leur immobilisation au sol, chez 54 opérateurs. Parmi les clients américains concernés, American Airlines (24 MAX 8 reçus sur les 100 commandés) sera la première : elle continue de programmer une liaison quotidienne entre Miami et l’aéroport de New York-LaGuardia entre le 29 décembre et le 4 janvier, d’autres rotations devant être progressivement ajoutées dans son hub de Floride pour atteindre jusqu’à 36 départs chaque jour.

La compagnie de l’alliance Oneworld a précisé dans un memo aux employés que les passages « pourront facilement identifier s’ils volent sur un 737 MAX, et pourront s’ils le désirent être replacé sur un autre vol ». « Si un client ne veut pas voler sur le 737 MAX, il n’est pas obligé de le faire », a souligné David Seymour, directeur des opérations d’American Airlines.

United Airlines, avec 14 MAX 8 reçus sur les 85 attendus (elle a aussi commandé cent MAX 10) a déclaré mercredi que ses monocouloirs remotorisés reprendront le service « au cours du premier trimestre de 2021 », sans plus de précision. Selon le porte-parole Frank Benenati cité par USA Today, chaque appareil « nécessitera plus de 1000 heures de travail, y compris le changement de logiciel, la formation des pilotes et plusieurs vols d’essai ».

Chez la low cost Southwest Airlines, on savait déjà que le retour des MAX n’aura pas lieu avant le deuxième trimestre l’année prochaine ; elle avait mis en service 31 des 250 MAX 8 commandés (elle attend aussi 30 MAX 7 – a priori). Le CEO Gary Kelly a promis de piloter lui-même le MAX 8 avant de permettre des passagers à bord.

Alaska Airlines de son côté espère recevoir entre janvier et avril 2021 les premiers des 32 MAX 9 attendus, et leur « infligera 19.000 heures de vols de tests », y compris en présence de représentants de la FAA, avant leur entrée en service commercial. Au cours des prochaines semaines, les pilotes commenceront « les huit heures requises de formation sur simulateur de vol et en numérique », un programme « plus étendu que ce qui est requis par la FAA », tandis que tous ses techniciens de maintenance suivent « un minimum de 40 heures de formation sur les variations entre le MAX et la flotte de 737 NG existante, certains recevant une formation spécialisée supplémentaire ».

 

En Europe, les compagnies aériennes Norwegian Air Shuttle, TUI fly, LOT Polish Airlines, Enter Air, Icelandair et Turkish Airlines (plus Air Italy aujourd’hui disparue), avaient été affectées par l’immobilisation de tous les MAX en mars 2019. Toutes devront bien sur attendre le feu vert de l’EASA avant de les remettre en service ; le groupe TUI (15 MAX 8 reçus sur les 54 attendus, plus 18 MAX 10) expliquait hier qu’il n’espère pas de remise en service durant la saison hivernale en cours. Si un client doit voler en MAX et souhaite changer, « il sera autorisé à se déplacer sans frais de modification » ; la présence du monocouloir remotorisé devrait être clairement indiqué dans le système de réservation.

Chez la low cost Ryanair qui a commandé ferme 135 MAX 8 en version 200 de 197 sièges, et rappelait lors de la présentation de ses résultats financiers (une perte nette de 197 millions d’euros au premier semestre) les plus de 18 mois de retard de la première livraison, aucune date de retour n’est avancée : « Si Ryanair commence à voler en MAX en 2021, il le fera à la suite du processus de certification le plus complet jamais mené par la FAA, l’EASA et d’autres régulateurs internationaux », explique un message au magazine Which ?. Le CEO du groupe Michael O’Leary avait de son côté prévenu que les discussions sur les compensations « ne seront ni finalisées ni conclues avec Boeing tant que le MAX ne sera pas remis en service et que les calendriers de livraison révisés n’auront pas été finalisés et convenus » – tout en évoquant la possibilité d’en recommander.

Feu vert au 737 MAX: où volera-t-il d’abord ? (3/3) 1 Air Journal

©Ryanair

Au Canada, la prudence annoncée par le régulateur sera suivie à la lettre par les compagnies aériennes : en mars 2019, Air Canada opérait 24 des 40 MAX 8 attendus, WestJet 13 MAX 8 sur les 56 MAX 7, 8 et 10 attendus) et Sunwing 4 des 6 MAX 8 attendus.

En Amérique latine, pas de commentaire officiel de la part d’Aeromexico à part un tweet (6 MAX 8 livrés sur les 55 attendus), d’Aerolineas Argentinas (5 MAX 8 livrés sur les 13 attendus), ou de Copa Airlines (six MAX 9 livrés sur les 60 monocouloirs remotorisés attendus). La low cost brésilienne GOL (7 MAX 8 livrés sur les 100 attendus) a en revanche expliqué qu’elle visait la fin de l’année pour leur remise en service – si le régulateur le permet.

Feu vert au 737 MAX: où volera-t-il d’abord ? (3/3) 2 Air Journal

©Boeing