La Cour suprême a validé le projet de troisième piste de l’aéroport de Londres-Heathrow, infirmant un jugement en appel qui avait donné raison « pour des raisons environnementales » à des militants pour le climat ou le maire de Londres entre autres qui cherchaient à le bloquer.

Le jugement le 16 décembre 2020 de la plus haute instance juridique britannique, qui examinait l’affaire depuis octobre, concerne la décision en 2016 du ministre des transports de l’époque Chris Grayling d’approuver le projet : cette décision est jugée légale car il n’avait « pas d’obligation » de tenir compte des Accords de Paris, pourtant vantés par le gouvernement de l’époque.

Ce projet estimé à plus de 15 milliards d’euros aura connu un parcours judiciaire tumultueux : les associations écologistes luttant contre la troisième piste avaient été déboutées en mai 2017, puis une cour d’appel leur avait donné raison en février dernier. Le gestionnaire Heathrow Airport Ltd avait alors porté l’affaire devant la Cour suprême, contrairement au gouvernement de Boris Johnson lui aussi opposé au projet (pourtant approuvé par le Parlement il y a deux ans). Un porte-parole expliquait d’ailleurs en octobre : « Heathrow va s’assurer que le projet d’expansion respecte les engagements sur le changement climatique du Royaume-Uni, y compris l’accord de Paris ».

 

 

Le premier aéroport européen – hors pandémie de Covid-19 – a déjà annoncé le report à 2022 du début des travaux, qui lui permettront d’accueillir à terme 130 millions de passagers par an, contre 78 millions avant le début de la crise sanitaire. Les travaux seront financés par le consortium d’investisseurs propriétaire de l’aéroport, dont des fonds souverains de Chine, de Singapour et du Qatar ; ils devraient durer quatre ans. Mais la crise a entrainé un effondrement de son trafic passager (12% du trafic habituel en novembre), au point que le Terminal 4 devrait rester fermé durant toute l’année 2021. Et la plupart des analystes ne prévoient pas un retour du trafic aérien à la normale avant 2024…

 

Rappelons les perspectives d’Heathrow telles qu’elles étaient présentées en 2016, quand le gouvernement avait opté pour sa troisième piste plutôt qu’une deuxième à Gatwick : utilisé alors à 98% de sa capacité (75 millions de passagers en 2015), le principal aéroport de Londres devait en accueillir à terme 135 millions, sur un total de 740.000 vols par an (260.000 de plus qu’alors). Le ministère des transports évoquait des bénéfices attendus de l’ordre de 61 milliards de livres pour l’économie en général pendant les 14 prochaines années, avec 77.000 emplois locaux créés d’ici 2050. L’aéroport d’Heathrow affirmait de son côté que cette expansion lui permettrait d’ouvrir plus de routes directes à l’intérieur du Royaume Uni, et de lancer « jusqu’à 40 nouvelles liaisons internationales vers des villes comme Wuhan en Chine, Osaka au Japon ou Quito en Equateur »…

Extension de l’aéroport Heathrow : feu vert à la 3eme piste 1 Air Journal

Londres-Heathrow ©LHR Airports Ltd.