La « nouvelle compagnie aérienne Alitalia devrait redécoller avec moitié moins de personnel et d’avions, avec un réseau intercontinental réduit à cinq destinations. Mais elle pourrait rejoindre la coentreprise transatlantique reliant Air France-KLM, Delta Air Lines et Virgin Atlantic.

Alors que le « décollage » d’ITA (Italia Transporti Aero), qui gèrera la compagnie aérienne renationalisée, n’est pas prévu avant le printemps 2021, des sources anonymes du quotidien Corriere della Serra lui prédisent un avenir pour le moins rapetissé initialement. Sur le plan des effectifs d’abord, avec seulement 5000 des 11.000 postes conservés, une nouvelle diminution par rapport aux 6500 évoqués fin octobre. Les réductions seraient encore pires côté flotte long-courrier, seuls 6 des 25 appareils étant conservés (a priori des Boeing 777-200ER à la soute plus grande, tous les Airbus A330 sortant de flotte). Alitalia opèrerait l’année prochaine seulement 51 avions selon le quotidien, dont quarante A320 et A319 et cinq Embraer 190 ; tous ces avions seront loués par ITA en attendant un renouvellement de la flotte espéré à partir de 2022 ou 2023, puis son passage à 104 avions à l’horizon 2026. Le Corriere note que tous les pilotes auraient le même contrat, et non un pour Alitalia et l’autre pour Cityliner.

Côté réseau, les coupes de la nouvelle Alitalia dans les lignes intérieures (dont celles les moins rentables) au profit de destinations européennes semblent toujours d’actualité, tandis que seulement cinq destinations long-courrier seraient maintenues au départ de l’aéroport de Rome-Fiumicino : New York-JFK (deux fois par jour), Los Angeles, São Paulo, Buenos Aires et Tokyo. Des lignes déjà rentables et qui ont l’avantage de disposer à l’arrivée d’accord de partages de codes avec Delta, GOL, Aerolineas Argentinas et ANA, rappelle le quotidien.

Les routes touristiques actuellement suspendues vers l’île Maurice, les Maldives ou Cuba entre autres pourraient en revanche être facilement relancées, une fois levées les restrictions de voyage liées à la pandémie de Covid-19. Les sources du journal ont également cité la Chine et en particulier Shanghai, qui dans un premier temps serait desservie « par un transporteur chinois, pas par la nouvelle Alitalia » (qui partage ses codes avec China Eastern, déjà présente à Rome), un accord « devant également avoir l’approbation politique des deux pays ».

Les partages de codes permettront en outre de reporter « de quelques semaines » la décision sur les alliances du membre de SkyTeam. Le mois dernier, l’administrateur délégué et CFO Fabio Lazzerini évoquait la recherche d’un partenariat « très important, il doit être global, qui a forcément une composante européenne et au moins une composante nord-atlantique ». Outre les « deux grands groupes avec qui il travaille » (tout le monde a compris que l’autre est Star Alliance), il reconnaissait « penser à la Chine car dans notre galaxie il y a aussi des entreprises chinoises ». La question de la coentreprise transatlantique est donc revenue sur le devant de la scène : « Air France-KLM, Delta et Virgin Atlantic sont prêts à renforcer leurs liens avec Alitalia dans le cadre de la joint-venture. Nous voulons approfondir la coopération commerciale. Alitalia pourrait devenir un membre associé de la coopération transatlantique », a déclaré hier un porte-parole d’Air France KLM au quotidien néerlandais De Telegraaf.

Les détails de ce plan sur cinq ans doivent être présentés ce vendredi au Conseil d’administration, puis d’ici lundi au Parlement ; les administrateurs auront 30 jours pour l’étudier, la Commission européenne devant également se prononcer sur les aspects d’aide publique et concurrentiels. Placée sous administration extraordinaire depuis plus de deux ans, suite au rejet par les syndicats d’un plan de relance de l’actionnaire Etihad Airways, la compagnie aérienne désormais renationalisée a déjà reçu deux prêts d’Etat de 1,3 milliards d’euros au total (avec feu vert de la Commission européenne à la clé). Rappelons que le feu vert de Bruxelles à ces prêts-relais reste conditionné en particulier à une « réelle différence » avec l’ancienne Alitalia. ITA débutera avec un budget de 3 milliards d’euros, une dotation « nécessaire si nous l’utilisons lorsqu’il y a des opportunités de marché » selon M. Lazzerini. « Nous ne demandons pas d’autres fonds, nous en avons beaucoup et nous devons atteindre les objectifs », a ajouté le président Francesco Caio.

Nouvelle Alitalia : réduite de moitié mais toujours en coentreprise ? 1 Air Journal

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