La Commission européenne aurait revu à la baisse le nombre de créneaux à l’aéroport d’Orly que la compagnie aérienne Air France devra céder, en échange d’un feu vert à sa recapitalisation.

Accueillie par un tollé dans l’hexagone, la demande de Bruxelles à la compagnie nationale française de céder jusqu’à 24 paires de créneaux de décollages et d’atterrissage (slots) dans le seul aéroport de Paris-Orly aurait été adoucie. Selon Les Echos, les négociateurs du gouvernement français « sont parvenus à un accord avec la Commission européenne sur les conditions d’une nouvelle aide d’Etat à Air France. Le nombre de créneaux aéroportuaires à céder serait moins important que prévu ». Pas de détails à ce jour sur l’accord, pas encore validé par le conseil d’administration d’Air France-KLM, mais cela pourrait être fait « dans les prochains jours ». Rappelons que KLM Royal Dutch Airlines à Amsterdam ferait face aux mêmes demandes de la CE.

 

Profondément affecté par la pandémie de Covid-19 (perte nette de 7,1 milliards d’euros en 2020), le groupe Air France-KLM a déjà bénéficié d’aides publiques substantielles : plus de 10 milliards d’euros, dont 7 de prêts directs ou garantis par l’État français, actionnaire à 14,3%, et 3,4 par l’Etat néerlandais, actionnaire à 14%. Face à la crise sanitaire qui perdure, Air France veut renforcer sa structure de bilan, avec le soutien de l’État français (tout comme KLM avec l’Etat néerlandais). La solution retenue consisterait selon La Tribune à convertir « la dette liée au prêt d’actionnaire de 3 milliards d’euros en obligations hybrides» qui «sont considérées comme des capitaux propres et non comme de la dette».

Pour valider ce montage financier, la Commission européenne exigerait d’Air France qu’elle renonce à des créneaux à Orly, dans le même ordre de grandeur que ce que le groupe Lufthansa avait cédé (mais dans deux aéroports, Francfort et Munich) : « 24 paires par jour », soit l’équivalent de 8700 rotations par an – ou 7% des quelque 125.000 créneaux actuellement détenus par Air France à Paris-Orly.

Le CEO du groupe de l’alliance SkyTeam Ben Smith comme les dirigeants politiques français s’étaient élevés le mois dernier contre cette exigence : le ministre délégué aux transports Jean-Baptiste Djebbari expliquait par exemple qu’il est « hors de question que le groupe Air France-KLM, du fait de la recapitalisation, se retrouve grevé en compétitivité et se fragilise du fait d’une négociation qui ne serait pas équilibrée ». Cet équilibre aurait donc finalement été trouvé.

D’après le gendarme européen de la concurrence, tout Etat voulant « apporter une aide de recapitalisation d’un montant supérieur à 250 millions d’euros à une entreprise très puissante sur les marchés sur lesquelles elle opère » doit proposer « des mesures supplémentaires pour préserver une concurrence efficace ».

Recapitalisation d’Air France : des contreparties adoucies ? 1 Air Journal

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