La compagnie aérienne Air France a prolongé la suspension de ses vols vers Kiev jusqu’en juin et vers Saint-Pétersbourg jusqu’à mi-avril au plus tôt, Finnair relançant de son côté une route vers Tokyo au prix d’un allongement de la durée de vol. Mais Air Serbia renforce sa ligne entre Belgrade et Moscou, le pays étant l’un des rares à ne pas avoir condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie, tandis que le patron de Ryanair reste prudent sur les prochains mois.

Ayant suite au déclenchement de la guerre suspendu tous ses vols vers l’Ukraine et vers la Russie, ainsi que le survol de l’espace aérien russe, Air France a précisé hier ses plans pour l’avenir proche. La suspension à Paris-CDG « à ce stade » de sa liaison vers l’aéroport de Kiev-Boryspil est prolongée jusqu’au 31 mai 2022, tandis que celle vers St Petersburg-Pulkovo l’est jusqu’au 14 avril.

La compagnie nationale française souligne qu’elle maintient ses liaisons vers la Chine, la Corée du Sud et le Japon « en adaptant ses plans de vols » : sous réserve de l’obtention des autorisations nécessaires, son programme de vols de et vers l’Asie est à jour jusqu’au dimanche 6 mars inclus. « Ces changements d’itinéraire liés à l’évitement de l’espace aérien russe donnent lieu à un allongement du temps de vol et peuvent entraîner des changements d’horaires », explique son communiqué, le détail du programme de vols pour les jours suivants devant être mis à jour « au fur et à mesure de l’obtention des autorisations ».

Les clients concernés sont informés individuellement. Air France « met tout œuvre pour maintenir sa desserte de l’Asie et rappelle que la sécurité de ses clients et de ses équipages est sa priorité absolue ».

Finnair, qui avait suspendu ses vols vers Séoul, Osaka, Tokyo, Shanghai et Guangzhou suite à la fermeture à ses avions de l’espace aérien russe, a annoncé pour l e 9 mars la reprise de sa liaison entre Helsinki-Vantaa et l’aéroport de Tokyo-Narita. Ses quatre rotations hebdomadaires (mardi, jeudi, vendredi et samedi) prendront cependant 13 heures au lieu des 9h30 habituelles, 

« Le Japon est l’un de nos marchés les plus importants, et nous voulons continuer à offrir des liaisons sûres et fiables entre Helsinki et Tokyo également dans cette situation », a déclaré dans un communiqué Ole Orvér, directeur commercial de Finnair. « Le Japon est également un important marché de fret, et des liaisons aériennes sont nécessaires pour que le fret continue de circuler », a-t-il ajouté, Narita étant en outre un point de connexion avec ses partenaires dans l’alliance Oneworld Japan Airlines, Cathay Pacific et Qantas. LA reprise des vols vers l’aéroport de Tokyo-Haneda n’est pas évoquée

Rappelons que la compagnie nationale finlandaise continue de voler vers Bangkok, Delhi, Phuket et Singapour, là aussi avec un itinéraire plus long qui évite l’espace aérien russe. Finnair dessert Bangkok et Phuket également depuis Stockholm-Arlanda. « Nous continuons d’évaluer les itinéraires alternatifs possibles pour nos vols vers la Chine et la Corée du Sud et communiquerons à ce sujet dès que les plans seront finalisés », a souligné le directeur commercial.

Guerre en Ukraine : Air France et Finnair prudentes, Air Serbia profite 1 Air Journal

@Finnair

Toujours en Europe, la Serbie est l’un des rares pays épargnés par la fermeture de l’espace aérien russe aux transporteurs de 36 pays. Une aubaine pour la compagnie nationale Air Serbia, qui déploie déjà « tant la demande est forte » des Airbus A330-200 de 257 sièges entre sa base à Belgrade-Nikola Tesla et l’aéroport de Moscou-Sheremetyevo. Et même si la durée de vol a doublé (ses avions passent par la Grèce, la Turquie et le Kazakhstan), elle a prévu pour la semaine prochaine de passer de 7 à 15 vols par semaine vers la capitale russe, pour compenser la suspension de ceux de sa partenaire de partage de codes Aeroflot qui ne peut plus desservir Belgrade en raison de la fermeture de l’espace aérien européen à ses appareils. De quoi faire baisser le prix des billets, l’aller-retour en classe Economie entre les deux capitales ayant dépassé les 1000 euros à certaines dates.

La Commission européenne a déclaré hier que « conformément à nos mesures, il est impossible pour un transporteur russe de vendre des billets de Moscou à Belgrade, ou de Belgrade à Bruxelles. Cependant, si la Serbie n’aligne pas sa politique sur l’UE, alors Air Serbia peut vendre ces billets, car nous n’avons pas rendu ces mesures extraterritoriales ». La Serbie est candidate à l’accession à l’Union européenne, un projet que la crise actuelle pourrait bien mettre à mal.

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©Air Serbia

Rappelons que le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Bosnie-Herzégovine ne sont pas mentionnés dans la liste russe de 36 pays interdits de vol ; mais ils n’ont aucune ligne directe vers la Russie. Moscou reste à ce jour desservie par les Turkish Airlines, Pegasus, Royal Air Maroc, Qatar Airways, Emirates Airlines, Flydubai ou autres Gulf Air pour ceux qui doivent absolument se rendre d’Europe en Russie ou vice-versa.

On retiendra aussi de la journée d’hier la « pause » par American Airlines de ses accords interlignes avec S7 Airlines, membre comme elle de l’alliance Oneworld, et avec Aeroflot. Les USA ont fermé leur espace aérien hier à « tous les aéronefs détenus, certifiés, exploités, immatriculés, affrétés, loués ou contrôlés par, pour ou au profit de, une personne qui est un citoyen de la Russie », a précisé le DoT ; « cela inclut les vols de passagers et de fret, ainsi que les vols réguliers et charters, fermant ainsi l’espace aérien américain à tous les transporteurs aériens commerciaux russes et autres aéronefs civils russes ».

Enfin le patron de la low cost Ryanair a déclaré hier en conférence de presse qu’il était « un peu tôt » pour quantifier l’impact de la guerre sur le transport aérien en Europe. Si les réservations étaient en baisse en fin de semaine dernière après le déclenchement du conflit, Michael O’Leary a aussi constaté en Pologne par exemple « une hausse significative de nos réservations, avec le nombre de personnes qui ont traversé la frontière en provenance d’Ukraine » pour rejoindre leurs proches. Les 4 millions de passagers annuels de Ryanair en Ukraine seront « vite remplacés par 4 millions d’autres sur des trajets au sein de l’UE », a-t-il affirmé. Soulignant au passage que la hausse des prix attendue vers l’Asie pousserait plus de touristes à préférer des vacances sur les plages du Vieux continent. « Je pense que vous n’aurez pas d’impact dramatique sur les réservations tant que la guerre ne s’intensifie pas et ne se propage pas ailleurs », estime le CEO de Ryanair Holdings.

Ryanair « sera la première compagnie aérienne à reprendre les vols vers l’Ukraine quand il sera sûr de le faire, quand nous serons autorisés par l’EASA », a promis son dirigeant, « mais je soupçonne que cela prendra probablement jusqu’à l’été, et peut-être jusqu’à l’hiver prochain », les installations radar des aéroports et les aides à la navigation ayant été la cible de militaires russes. Et pour la première fois en près de 30 ans, Ryanair transporte du fret, notamment du matériel médical et des fournitures humanitaires entre ses bases au Royaume Uni et en Irlande et les aéroports polonais de Rzeszow, Varsovie et Cracovie.

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©Ryanair