Contrainte par de nouveaux scandales et sous pression du ministère japonais des Transports, Japan Airlines (JAL) annonce un durcissement de ses règles de sécurité aérienne. La compagnie suspendra désormais certains pilotes dont les fonctions hépatiques révéleraient des anomalies au-delà d’un seuil défini, afin de réduire les risques liés à la consommation d’alcool.
Depuis plusieurs années, Japan Airlines est ternie par une succession d’épisodes impliquant des pilotes ayant consommé de l’alcool avant des vols. Le dernier en date remonte à août 2025 : un commandant de bord a bu avant un vol entre Hawaï et le Japon et a dû être remplacé in extremis, entraînant un retard significatif. Cette affaire avait mis en lumière les limites des dispositifs antérieurs de Japan Airlines. Le pilote impliqué avait déjà été signalé par la compagnie… sept ans plus tôt. À l’époque, son comportement à risque avait conduit à une mise sous surveillance rapprochée, après qu’il eut reconnu une consommation excessive d’alcool et promis d’y mettre un terme.
Le ministère japonais du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme (MLIT) a réagi fermement en réprimandant la compagnie et en l’obligeant à remettre un plan de mesures correctives. Dans son rapport publié le 30 septembre, JAL reconnaît l’échec de ses initiatives passées et annonce un nouveau train de mesures.
Une réponse plus stricte et médicalisée
La compagnie affirme qu’elle suspendra désormais les pilotes dont les tests médicaux révèlent un dysfonctionnement du foie, organe directement affecté par une consommation excessive d’alcool. Six pilotes ont déjà été interdits de vol sur la base de ces critères. « Nous devons accepter que nos efforts précédents n’ont pas porté leurs fruits », a admis Japan Airlines, précisant que les règles avaient été imposées unilatéralement aux employés sans concertation. Consciente que la discipline seule ne suffit pas, la compagnie souhaite désormais mettre en place un cadre de discussion formel avec les représentants du personnel pour définir des mesures jugées à la fois efficaces et acceptables.
La compagnie avait déjà été placée sous mesure d’amélioration des pratiques en décembre dernier après plusieurs incidents liés à l’alcool au sein de ses équipages. En avril 2024, la police locale aux États-Unis avait rappelé à l’ordre un commandant de JAL qui, ivre, avait provoqué des troubles dans son hôtel. Le vol transpacifique Dallas-Tokyo avait dû être annulé. Bien plus éloigné dans le temps mais également révélateur d’une emprise alcoolique pour certains pilotes : en 2018, un pilote Japan Airlines, avait été arrêté à l’aéroport de Londres alors qu’il s’apprêtait à voler vers Tokyo en état d’ivresse. Son éthylotest avait un taux de 93 mg d’alcool par 100 ml d’air expiré, plus de dix fois la limite de 9 mg autorisée pour un pilote. Il a été par la suite condamné à dix mois de prison ferme.
En février, Yuji Akasaka, président de JAL, a été démis de ses fonctions de supervision des mesures de sécurité, et les salaires d’Akasaka et de Mitsuko Tottori, PDG, ont été réduits de 30 % pendant deux mois. D’autres cadres supérieurs ont été rétrogradés dans le cadre de mesures correctives.
Au Japon, les compagnies aériennes font l’objet d’une surveillance accrue depuis qu’une série d’incidents similaires – touchant aussi All Nippon Airways (ANA) – a mis en lumière les risques liés au non-respect strict des règles de sobriété dans l’aviation civile.

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