Sous la supervision du tribunal des faillites américain, Spirit Airlines a officiellement renoncé à une commande de 52 appareils Airbus ainsi qu’à des options pour dix supplémentaires.
Ces appareils seront désormais repris par le loueur irlandais AerCap, dans le cadre d’un règlement plus large visant à mettre fin à un différend financier qui a précipité la compagnie dans sa deuxième faillite en un an. Le tribunal fédéral des faillites du district sud de New York a validé vendredi un accord tripartite entre Spirit, Airbus et AerCap. Ce contrat marque une étape clé dans la restructuration du transporteur à bas coûts américain, fortement fragilisé par sa dette et par la hausse des coûts opérationnels. « Cette décision nous permettra de réduire nos coûts d’exploitation de plusieurs centaines de millions de dollars », a déclaré la compagnie dans un communiqué, sans préciser l’impact sur sa flotte globale.
L’accord met fin à un différend engagé avec AerCap, premier loueur d’avions au monde, qui avait en août résilié les baux portant sur 36 Airbus A320neo dont les livraisons étaient prévues entre 2027 et 2028. Le loueur affirmait par ailleurs que Spirit avait manqué à ses obligations concernant 37 appareils déjà en service. L’annulation de ces contrats avait été décrite comme le « déclencheur direct » de la procédure de faillite ouverte par la compagnie fin août.
De lourdes concessions financières
Selon les documents déposés auprès du tribunal, Spirit abandonnera 27 des 37 contrats de location actuellement en vigueur, tout en cédant également ses droits sur les 36 appareils encore non livrés. En contrepartie, AerCap conservera 9,7 millions de dollars de dépôts de garantie et détient désormais la possibilité de réclamer jusqu’à 572 millions de dollars en créances non sécurisées contre la compagnie américaine. En retour, le loueur irlandais injectera 150 millions de dollars en liquidités dans Spirit Airlines et s’engage à conclure de nouveaux contrats de location pour 30 A320 ou A321 dont les livraisons s’échelonneront entre 2027 et 2029.
Le directeur financier Fred Cromer avait détaillé aux créanciers une réduction de la flotte, qui passerait d’environ 214 avions aujourd’hui à près de 100 appareils. Cette révision drastique de la flotte vise à donner une bouffée d’oxygène à la low-cost, qui cherche à maintenir ses opérations tout en rétablissant la confiance de ses créanciers.
Parallèlement, le tribunal a approuvé un financement debtor-in-possession (DIP) — un dispositif classique dans les procédures de faillite américaines — à hauteur de 475 millions de dollars apportés par les obligataires existants. Sur ce montant, 200 millions sont immédiatement disponibles pour couvrir les besoins de trésorerie les plus urgents de Spirit.
Cette injection de capital intervient alors que l’entreprise, confrontée à une concurrence féroce dans le segment des vols à bas prix, doit composer avec l’inflation des coûts du carburant, la pénurie de pilotes et les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement d’Airbus. Spirit table désormais sur une entreprise plus petite et plus rentable. Elle a amorcé une réduction de ses dessertes depuis septembre, mettant fin à 40 routes dès novembre et nommant un nouveau vice-président dédié à la gestion du réseau. La compagnie va se retirer de plusieurs marchés américains, dont la liste complète n’a pas été publiée. Elle a également annoncé son intention de placer au chômage technique environ 1 800 hôtesses et stewards, soit près d’un tiers de ses effectifs de cabine.
Au 30 juin dernier, la dette de Spirit atteignait 2,69 milliards de dollars, dont 930 millions à rembourser d’ici 2030. En 2022, Frontier Airlines avait tenté de fusionner avec elle dans le cadre d’une opération à 2,9 milliards de dollars, avant que JetBlue ne propose une offre supérieure — finalement bloquée par les autorités américaines de la concurrence.

Greg6 a commenté :
13 octobre 2025 - 9 h 58 min
Je sais que je l’ai déjà écrit, mais ce qu’il faudrait ajouter à cet article c’est que Frontier est revenu vers Spirit après que la justice américaine ait bloqué le deal avec Jetblue. Et ils ont été éconduits par deux fois.
Je trouve la précision importante pour le contexte, sinon on a l’impression qu’après l’échec de la fusion avec Jetblue il n’existait aucune solution.