Réunis sous la bannière du lobby Airlines for Europe (A4E), les dirigeants des principaux groupes aériens européens — IAG (British Airways, Iberia), Air France-KLM, Lufthansa Group, Ryanair et easyJet — ont alerté début octobre sur un risque de blocage de la transition énergétique du transport aérien.
L’Union européenne impose depuis 2025 que 2% du carburant utilisé par les compagnies aériennes soit durable, proportion appelée à grimper à 6% d’ici 2030, puis 70% à l’horizon 2050. Mais selon les dirigeants des compagnies aériennes européennes, la production mondiale de SAF, encore limitée et coûteuse, ne leur permettra pas d’atteindre ces seuils sans soutien public accru. Face à une offre insuffisante de carburants d’aviation durables (SAF), le PDG du groupe aérien IAG, Luis Gallego, appelle Bruxelles à accorder un délai dans la mise en œuvre des nouvelles obligations européennes. Les autres grands groupes européens, d’Air France-KLM à Lufthansa Group, soutiennent la même position
« Nous avons des obligations, mais pas de carburant »
Pour Luis Gallego, patron du groupe IAG, la contrainte européenne risque d’être intenable. « Nous avons des obligations, mais nous n’avons pas de carburant d’aviation durable », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Paris organisée par A4E. Le dirigeant estime que la situation « va forcer le secteur à demander un délai » dans l’application de la feuille de route européenne, faute d’approvisionnement suffisant.
Malgré ses propres investissements, IAG reconnaît que ses besoins futurs dépassent largement l’offre actuelle : le groupe britannique-espagnol a pourtant sécurisé un tiers du SAF nécessaire à son objectif de 10% de carburant durable d’ici 2030 grâce à des accords avec Repsol et Twelve.
Air France-KLM et Lufthansa Group sur la même ligne
Partagent la même inquiétude, le groupe aérien franco-néerlandais Air France-KLM et l’allemand Lufthansa Group plaident pour un développement plus rapide de la production européenne de SAF et une meilleure stabilité réglementaire. Les compagnies aériennes européennes, membres d’A4E, demandent donc à la Commission européenne d’instaurer un « dialogue stratégique » sur le modèle de celui déjà initié avec l’industrie automobile, pour assurer la compétitivité du transport aérien européen. Les dirigeants du secteur aérien rappellent aussi que le SAF coûte jusqu’à cinq fois plus cher que le kérosène fossile, rendant la transition difficile sans mécanismes de compensation.
IATA appelle à massifier la production
L’Association du transport aérien international (IATA), présidée par l’ex-patron d’IAG Willie Walsh, soutient également cet appel à une politique de soutien. Elle accuse notamment l’industrie pétrolière d’imposer des surcharges injustifiées sur le SAF, aggravant encore les coûts pour les compagnies aériennes. L’association estime que la décarbonation du secteur passe avant tout par une montée en puissance rapide des capacités de production de carburants durables, sans quoi les ambitions de neutralité carbone à 2050 resteront hors d’atteinte.
Tous les acteurs s’accordent sur un point : sans un effort massif d’investissement public et privé, le SAF ne représentera qu’une faible part du carburant aérien d’ici 2030. Luis Gallego appelle donc l’Europe à « soutenir le développement d’une véritable industrie du SAF, capable d’en assurer la disponibilité et d’en réduire le prix ». En attendant, les compagnies aériennes européennes demandent un cadre plus flexible pour maintenir à la fois la compétitivité du secteur et la trajectoire de décarbonation fixée par le continent.

@IAG
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