Alors que le marché des très gros porteurs semblait condamné par la fin de l’A380 et les ventes limitées du 747-8, la demande renaît du côté du Golfe. Emirates pousse Boeing à aller plus loin avec une version allongée du 777X, tandis qu’Airbus n’exclut pas d’étudier un A350 encore plus grand.

Le Salon aéronautique de Dubaï 2025 ravive ainsi le débat sur l’avenir des long-courriers à très haute capacité.

Emirates relance l’idée d’un super 777

Emirates a confirmé, au premier jour du Salon de Dubaï, avoir demandé à Boeing une étude de faisabilité pour une version allongée du 777X, baptisée provisoirement 777-10. « Emirates a toujours été clair : nous voulons que les constructeurs développent des avions de plus grande capacité », a expliqué Sheikh Ahmed bin Saeed Al Maktoum, président du groupe Emirates.

Ce modèle, encore hypothétique, serait capable d’accueillir environ 450 passagers en configuration bi-classe, soit une trentaine de sièges de plus que le 777-9 actuellement en cours de certification. L’appareil viserait à combler le vide laissé par l’A380, dont la production a cessé en 2021. Emirates, premier opérateur mondial du superjumbo avec plus de 120 exemplaires livrés, cherche depuis plusieurs années un équilibre entre capacité et efficacité énergétique sur ses liaisons les plus denses.

Boeing n’a pas confirmé ces discussions, préférant concentrer sa communication sur la finalisation du programme 777-9, déjà retardé à plusieurs reprises. Le constructeur doit encore obtenir la certification du modèle avant une première livraison désormais prévue pour le premier trimestre 2027. Selon plusieurs analystes, un 777-10 constituerait une évolution marginale mais symbolique : une réponse pragmatique à la demande spécifique de quelques grandes compagnies du Golfe et d’Asie, plutôt qu’un produit à vocation mondiale.

Airbus planche à son tour sur un A350 plus grand

Le même jour à Dubaï, le directeur général d’Airbus Commercial Aircraft, Christian Scherer, a confirmé à Reuters que le constructeur européen étudiait lui aussi une possible version « étendue » de l’A350. « Un certain nombre de clients nous demandent d’envisager de l’agrandir, parce que cela pourrait représenter une formidable solution pour leur croissance. C’est ce que nous explorons actuellement », a-t-il expliqué.

Cette réflexion s’inscrit dans un contexte concurrentiel direct : Emirates a longtemps cherché un appareil capable de remplacer son A380. Le transporteur avait critiqué en 2023 les performances de maintenance du moteur Rolls-Royce Trent XWB-97, propulsant l’A350-1000, et lui avait préféré l’A350-900 pour ses premières commandes. « Nous sommes très satisfaits des performances commerciales de l’A350-1000. Nous n’avons pas renoncé à Emirates », a ajouté Christian Scherer, précisant que le motoriste britannique Rolls-Royce travaille à améliorer les performances du moteur dans les conditions chaudes du Golfe.

Boeing affirme que le 777X modernisé aura une rentabilité inégalée, notamment grâce à ses nouveaux moteurs GE9X et à ses nouvelles ailes en carbone. Airbus a déclaré que l’argument économique de Boeing repose en partie sur l’ajout de 40 sièges supplémentaires pour contrer l’efficacité de l’A350, plus léger, en répartissant les coûts sur un plus grand nombre de passagers. Un A350 « allongé », parfois évoqué sous le noms officieux A350-2000, pourrait permettre à Airbus d’offrir une capacité d’environ 400 sièges, tout en conservant l’efficacité d’un biréacteur de nouvelle génération.

Si Boeing et Airbus hésitent à relancer une course à la taille, la demande exprimée par Emirates – et observée chez d’autres transporteurs majeurs d’Asie – montre que les grandes capacités ne sont pas définitivement reléguées au passé. L’essor du trafic long-courrier post-pandémie, associé à la saturation des créneaux dans les grands hubs, redonne du sens aux avions de 400  places et plus.

Vers un 777-10 et un A350 allongé : la bataille des très gros-porteurs relancée à Dubaï 1 Air Journal

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