Israir prépare un tournant stratégique sur le long-courrier avec l’acquisition de deux Airbus A330, un investissement évalué à 80 millions de dollars, afin de s’imposer sur les liaisons transatlantiques et asiatiques tout en répondant à la montée en puissance de Wizz Air en Israël.

La compagnie israélienne Israir a indiqué être en pourparlers pour l’achat de deux Airbus A330, pour un montant total d’environ 80 millions de dollars, afin de développer un véritable réseau long-courrier au départ de Tel-Aviv. Ces appareils gros-porteurs, vraisemblablement de la famille A330-200, lui permettraient de desservir des destinations plus lointaines, en particulier l’Asie et l’Atlantique Nord, avec une capacité accrue par rapport à sa flotte actuelle composée de monocouloirs A320.

Si l’opération n’est pas encore finalisée, elle marque une étape clé dans la montée en gamme d’une compagnie jusqu’ici surtout positionnée sur le moyen-courrier et le tourisme au départ de Tel-Aviv. Israir précise qu’elle négocie via plusieurs canaux et qu’aucun accord définitif n’est encore signé, la compagnie continuant de rechercher des solutions de financement complémentaires. Le projet s’inscrit dans une stratégie de diversification, dans un contexte de forte concurrence sur le moyen-courrier et de hausse de la demande vers des marchés loisirs et affinitaire à longue distance.

Un montage financier insolite

Pour soutenir cet investissement, Israir mène des discussions avancées avec le groupe de tourisme israélien Issta. Le schéma étudié prévoit une allocation de sièges sur dix ans au profit d’Issta, en échange d’une avance d’environ 35 millions de dollars, ce qui offrirait à la compagnie des liquidités immédiates pour financer l’acquisition des A330.

Un tel partenariat permettrait à Israir d’ancrer davantage son modèle de tour operateur, en garantissant à un acteur clé du marché des capacités long-courrier dédiées à ses forfaits et circuits. En contrepartie, le risque de remplissage des nouveaux gros-porteurs serait partiellement mutualisé avec le tour-opérateur, ce qui est crucial pour une compagnie de taille modeste s’attaquant à des routes fortement capitalistiques. Israir rappelle qu’à ce stade aucune garantie n’existe quant à la finalisation du deal A330, le bouclage financier et la disponibilité des appareils demeurant des variables clés.

Vers New York et l’Asie en propre

Israir a déjà obtenu les autorisations nécessaires pour lancer des vols sans escale entre Tel-Aviv et la région de New York, devenant ainsi le troisième transporteur israélien sur cette route après El Al et Arkia. La compagnie prévoit jusqu’à six vols hebdomadaires, opérés en Airbus A330-200 sous forme de location “dry lease”, avec équipages et maintenance assurés par Israir, un modèle qui doit lui offrir une plus grande autonomie opérationnelle même en période de crise.

Outre New York, Israir affiche l’ambition de desservir plusieurs destinations en Asie ainsi que d’autres marchés transatlantiques, capitalisant sur la croissance du trafic israélien de loisir et de diaspora. La compagnie met en avant une année 2025 record, avec plus de 2 millions de passagers transportés sur ses lignes internationales, comme justification de cette montée en puissance.

Israir exploite aujourd’hui une flotte d’environ 8 appareils, en propriété ou en location, déployés principalement sur des liaisons intérieures et européennes, avec une part de marché d’environ 14% à l’aéroport Ben Gourion.  Dans son communiqué, Israir présente ce virage comme « une suite naturelle de la croissance du trafic passagers enregistrée en 2025, avec plus de 2 millions de voyageurs sur les lignes internationales ». La compagnie ajoute que « cette démarche renforcera la position d’Israir sur le marché et nous permettra d’étendre nos opérations vers de grandes destinations mondiales, tout en nous adaptant aux conditions du marché et aux besoins des passagers ».

Une réponse à la poussée de Wizz Air ?

Ce changement d’échelle intervient alors que Wizz Air prépare l’ouverture d’une base opérationnelle à Tel-Aviv, avec un hub prévu autour d’avril 2026 et jusqu’à trois avions basés à Ben Gourion pour opérer une trentaine de vols quotidiens vers l’Europe. Israir, tout comme Arkia et El Al, s’oppose fermement à ce projet, dénonçant des « écarts injustifiés » entre les contraintes imposées aux compagnies israéliennes et celles pesant sur les transporteurs étrangers.

Dans ses prises de position publiques, Israir estime que l’installation d’un hub Wizz Air pourrait à terme réduire l’offre de transport local contrôlée par des compagnies israéliennes et rendre le pays plus dépendant d’acteurs internationaux susceptibles d’ajuster brutalement leurs capacités et leurs tarifs. L’acquisition de gros-porteurs est ainsi présentée comme une des réponses stratégiques pour renforcer la résilience de la compagnie face à cette nouvelle donne concurrentielle.

Israir négocie l’achat de deux A330 pour sécuriser son avenir 2 Air Journal

©Oyoyoy