Air Canada a annoncé hier soir suspendre son projet de reprise des vols après que ses hôtesses et stewards ont décidé de braver une injonction administrative, poursuivant leur grève pour réclamer une meilleure rémunération.

Les vols ne vont finalement pas reprendre de sitôt : malgré un signal dans ce sens envoyé en début de matinée, le conflit social paralysant la plus grande compagnie aérienne du Canada semblait dans une impasse dimanche après-midi. Air Canada « a suspendu son projet de reprise partielle des vols (…) après que le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a illégalement ordonné à ses agents de bord de désobéir à une directive du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) leur enjoignant de reprendre le travail », a annoncé la compagnie porte-drapeau canadienne.

Près de 10 000 hôtesses de l’air et stewards, membres du syndicat SCFP, ont cessé le travail la veille, entraînant la suspension de 700 vols et perturbant les plans de quelque 130 000 voyageurs. Saisi par Ottawa, le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a ordonné à la compagnie de reprendre ses activités, exigeant également le retour immédiat des agents de bord d’Air Canada et Air Canada Rouge avant 18 heures GMT dimanche. 

Rappelons que le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente quelque 10 000 grévistes, a estimé cette décision « antidémocratique » et « une atteinte flagrante au droit de grève ». Selon lui, cette intervention fédérale ne fait que repousser le problème tout en affaiblissant la capacité des travailleurs à faire pression pour de meilleures conditions.

Au cœur des revendications syndicales figurent la rémunération des heures de travail au sol, notamment lors de l’embarquement, qui n’étaient jusqu’ici pas compensées, alors que d’autres compagnies nord-américaines ont commencé à payer leurs salariés également pendant l’embarquement. Le président du syndicat, Wesley Lesosky, affirme notamment : « La solution est claire : rémunérer le personnel dès qu’il travaille, et leur accorder un salaire digne qui leur permette de vivre et de travailler convenablement. » Le syndicat annonce en outre des revendications, plus traditionnelles, d’augmentation salariale.

Le CCRI, agissant en qualité d’arbitre indépendant, a prolongé les dispositions de la convention collective expirée au 31 mars, pour garantir la continuité du service jusqu’à la conclusion d’un nouvel accord entre Air Canada et son personnel de cabine.

La réaction de la direction reflète l’ampleur du blocage : « Nous sommes profondément attristés pour nos passagers. Personne ne veut voir des Canadiens bloqués ou inquiets pour leurs projets de voyage, mais nous ne pouvons pas travailler gratuitement », a souligné Natasha Stea, représentante syndicale.

Cet épisode souligne la réalité complexe de la négociation sociale dans le secteur aérien, où l’intervention du gouvernement devient parfois le seul recours face à l’impasse. Air Canada représente près de la moitié du trafic aérien intérieur du pays et dispose du réseau international le plus développé, desservant 65 pays. Pendant cette période, le Canada connaît un essor du tourisme intérieur, alimenté notamment par la désaffection envers les États-Unis, suite aux mesures protectionnistes de l’administration Trump.

Les hôtesses et stewards d'Air Canada poursuivent leur grève malgré une injonction administrative de reprendre le travail 1 Air Journal

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