L’avionneur américain Boeing a vu ses livraisons d’avions reculer de 17% en novembre, avec 44 appareils remis à leurs clients contre 53 en octobre, creusant encore l’écart avec Airbus qui a livré 72 avions sur la même période.

Derrière ce ralentissement ponctuel, le constructeur américain affiche toutefois un carnet de commandes solide et un flux de nouvelles ventes soutenu, porté notamment par les gros-porteurs 777X et 787 Dreamliner.

En novembre, Boeing a livré 44 avions commerciaux, dont 32 737 MAX et 12 gros-porteurs, soit une baisse de 17% par rapport aux 53 appareils d’octobre. Ces livraisons restent néanmoins très au‑dessus des niveaux de novembre 2024, signe d’une reprise progressive de la production, mais encore heurtée, notamment sur la chaîne des monocouloirs.

Sur les gros-porteurs, Boeing a notamment remis six 787, deux 777 cargos – à Turkish Airlines et au spécialiste moldave Aerotranscargo – ainsi que quatre 767, confirmant la place centrale du fret et du long-courrier dans son mix de livraisons. Cette composition illustre la stratégie du groupe de s’appuyer sur la demande robuste en gros-porteurs pour soutenir ses résultats alors que le 737 MAX reste sous forte surveillance réglementaire et industrielle.

Un retard persistant face à Airbus

Avec 72 appareils livrés en novembre, Airbus a largement devancé Boeing sur le terrain des livraisons, tout en révisant à la baisse son objectif annuel en raison d’un problème de qualité sur des panneaux de fuselage d’A320. Le groupe européen vise désormais « autour de 790 » livraisons en 2025, contre environ 820 auparavant, ce qui laisse tout de même une avance confortable sur son rival américain.

Fin novembre, Airbus totalisait 657 avions livrés depuis le début de l’année, contre 537 pour Boeing, malgré la montée en cadence des chaînes américaines. Pour espérer combler une partie de cet écart, Boeing devra réaliser un mois de décembre particulièrement dynamique, dans la lignée des pics observés fin 2023 et mi‑2025.

Sur les deux mois d’octobre et novembre, Boeing a livré 97 avions, ce qui l’oblige à viser environ 63 livraisons supplémentaires en décembre pour atteindre les attentes du marché d’environ 160 appareils au quatrième trimestre, selon Deutsche Bank. Un tel niveau supposerait de renouer avec un rythme proche de décembre 2023, lorsque le constructeur avait remis 67 avions, soit son meilleur mois récent.

Cette « course de fin d’année » est d’autant plus cruciale que la direction a lié le retour à un flux de trésorerie positif en 2026 à une hausse graduelle des livraisons. Comme le résume le directeur financier Jay Malave, la trajectoire financière du groupe dépend désormais d’une exécution industrielle plus fluide : « l’amélioration des livraisons reste la clé de la génération de cash à partir de 2026. »

Des commandes dopées par le 777X

Sur le front commercial, Boeing a engrangé 164 nouvelles commandes en novembre, contrebalancées par 38 annulations, soit 126 commandes nettes sur le mois. Signe de confiance dans le long-courrier de nouvelle génération, 74 de ces commandes portent sur le 777X, dont l’entrée en service est désormais prévue en 2027, avec sept ans de retard sur le calendrier initial.

La plus spectaculaire est venue d’Emirates, qui a annoncé lors du Dubai Airshow l’achat de 65 777X supplémentaires, portant son carnet à 270 appareils pour cette famille, un engagement rappelé par la compagnie comme un « pari de long terme sur l’efficacité du 777-9 ». China Airlines a également consolidé sa flotte future en ajoutant neuf 777X à sa commande existante, confirmant l’ancrage du programme en Asie-Pacifique. Le 787 a lui aussi enregistré un mois solide, avec 30 commandes, dont 15 pour Gulf Air, huit pour Uzbekistan Airways, six pour Etihad Airways et une pour un client non identifié. A noter qu’ Etihad a annulé 15 777X et 7 787, tout en repassant commande de 6 787, ce qui aboutit à 16 gros-porteurs de moins au total dans son carnet Boeing. Sur le segment des monocouloirs, Boeing a signé 43 commandes pour le 737 MAX auprès de clients restés confidentiels.

Sur le segment des monocouloirs, Boeing a signé 43 commandes pour le 737 MAX auprès de clients restés confidentiels Parallèlement, Boeing a reclassé 26 appareils depuis la colonne dite « ASC‑606 », où sont regroupées les commandes jugées incertaines, vers le carnet ferme, un mouvement qui porte ses commandes nettes de novembre à 152 avions selon certaines méthodes de comptabilisation. Ce reclassement montre que plusieurs dossiers clients considérés comme à risque évoluent désormais dans un sens plus favorable pour le constructeur.

Au 30 novembre, Boeing affichait 537 avions livrés depuis le début de l’année, dont 396 737 MAX, 74 787, 33 777 et 28 767, avec un total de 1 000 commandes brutes, soit 908 nettes après annulations et conversions. Le carnet de commandes atteignait 6 019 appareils, offrant au constructeur une visibilité de production de plusieurs années malgré les aléas de cadence.

Livraisons en baisse, commandes en hausse : le grand écart de Boeing en novembre 1 Air Journal

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