Il est toujours bon de connaître les éventuels problèmes que rencontrera un nouveau modèle d’avion avant de passer à sa phase de production. En cela, Airbus dont l’A350 arrive après le 787, devrait quelque peu se rassurer. Il ne manquera d’ailleurs pas d’observer attentivement le cauchemar que vit Boeing, avec sa spectaculaire remise en question de son Dreamliner, un avion Dernière Technologie dont tous les modèles en service sont aujourd’hui cloués au sol pour un temps indéterminé. Airbus peut aussi se rassurer en se disant qu’il a opté pour une configuration moins risquée, notamment dans son architecture électrique générale plus prudente. « Ils ont fait de la technologie à mort, ils ont fait de l'externalisation à mort. Nous avons été plus conservateurs », s’est rasséréné un dirigeant d’EADS. Pourtant, le constructeur européen ne pourra cacher son inquiétude sur le pointillisme renforcé dont devront faire preuve à l’avenir les instances mondiales chargées de certifier tout nouvel avion. Car comment est-il possible que la FAA et l'EASA, les deux agences américaine et européenne de sécurité aérienne, aient pu certifier tour à tour le Boeing 787, pour ensuite devoir les clouer au sol ? Le revirement peut impressionner. Ont-elles été à la hauteur de leur fonction, la priorité numéro 1 dans ce domaine aérien restant encore et toujours la sécurité ? Pas sûr, si l’on considère la gravité que sont deux départs de feu en deux semaines, une récurrence hautement anormale qui préoccupe à juste titre les enquêteurs. Et Airbus peut craindre d’en payer les pots cassés, l’actuel fiasco sur le Dreamliner pouvant s’apparenter à une certaine défaillance de la part des agences de sécurité aérienne. Son PDG, Fabrice Brégier, se veut d’ailleurs « humble » jusqu’au bout en déclarant : « Je resterai prudent jusqu’à la fin, et au-delà de la première livraison. » Aujourd’hui toujours prévue pour le second semestre 2014... Wait and see.